Histoire d’un développement de père en fils !
La ville de Bouaké connaît depuis peu un visage reluisant, du moins après la crise postélectorale de 2010-2011. Considérée comme le siège de la rébellion armée de 2002, Bouaké continue de connaître, hélas, des troubles qui sont loin d’assurer la quiétude aux populations, et de rassurer les investisseurs.
Si la ville a connu son expansion sous feu Djibo Sounkalo, premier Magistrat de la commune de 1956 à 1980, force est de reconnaître que son développement n’a pas moins connu un ralentissement depuis. Les édifices publics sont tombés en ruine, les infrastructures routières se sont fortement dégradées et Bouaké avait perdu son côté culturel attractif d’alors, malgré la présence de ‘’fils du village’’ à la barre. Les croque-en-jambes et autres mesquineries ayant pris le dessus sur une réflexion profonde pour une véritable thérapie en vue d’une cure de jouvence de la ville, Bouaké ‘’se mourait’’.
Aujourd’hui, la ville reprend ses droits, et Bouaké redevient Bouaké, petit à petit, notamment avec la réalisation d’infrastructures qui lui redonnent sa fière allure d’antan. Un tour dans les quartiers permet de découvrir des populations fières d’habiter Bouaké, malgré les derniers soubresauts d’une rébellion qui refuse de mourir. Et là, c’est un autre Djibo, le fils celui-là, qui en est l’artisan.
Djibo Nicolas fait revivre les bons moments de Bouaké
Aux commandes de la commune depuis le 21 Avril 2013 suite à sa victoire, en qualité de ‘’candidat sans étiquette’’, Djibo Nicolas est en train de refaire vivre ‘’les bons moments de Bouaké’’. Le carnaval de Bouaké, jadis moment festif de toute la Côte d’Ivoire à la fin d’une semaine commerciale de même type, a repris son droit, en attendant de retrouver ses lettres de noblesse dans un futur très proche. Le siège de la Mairie, occupée depuis la crise militaro-politique qui a secoué la Côte d’Ivoire de la nuit du 18 septembre 2002 au 11 avril 2011, a été rénové pour accueillir le Maire et une bonne partie de ses collaborateurs. Plusieurs kilomètres des voies principales ent été recouverts de bitume, toute chose qui facilite désormais la circulation des usagers de la route, à la grande satisfaction des populations. L’Université, rebaptisé ‘’Université Alassane Ouattara’’, connaît une affluence pas loin de ses débuts. Les ménagères se bousculent dans un marché qu’elles avaient perdu dans un incendie dont l’origine demeure encore un mystère. Le marché de gros ne désemplit plus. Et bien d’autres réalisations sont là pour démontrer que sous Djibo Nicolas, le développement de Bouaké va encore connaître une ascension.
De Gbékékro en 1900 à Bouaké, historique de la ville
Mais comment en est-on arrivé à faire de ce petit campement la deuxième capitale de Côte d’Ivoire ? Selon le site Wikipedia, ‘’Bouaké, appelée Gbékékro jusqu’en 1900, est la deuxième ville la plus peuplée du pays après Abidjan. Appelée capitale des populations d’ethnie Baoulé, Bouaké était restée, de 2002 à l’élection présidentielle de fin 2010, sous contrôle des Forces armées des forces nouvelles (Fafn). Bouaké constitue un carrefour commercial important, et abrite à cet effet un marché de gros de renommée sous-régionale.
Avant le xxe siècle, le nom de la ville était Gbékékro. Kro signifiant village en Baoulé, Gbékékro signifie le ‘’village de Gbéké’’, en référence au chef Gossan Gbéké, ancien Roi de Gbékékro au xixe siècle. S’agissant du nom actuel, Bouaké, deux hypothèses sont formulées. La première hypothèse, le nom du chef Kwa Gbéké aurait connu des déformations successives, pour devenir Bouaké. Et la deuxième, le nom Bouaké proviendrait de deux mots baoulés : ‘’Boua’’ qui signifie mouton et ‘’Ké’’ qui signifie sec.
En effet, à l’arrivée des Baoulés sur les lieux, ils auraient été étonnés de voir des Dioulas faire sécher des peaux de moutons.
Bouaké, marché aux esclaves des Portugais
Avant le XIXème siècle, la ville était un important marché aux esclaves des Portugais dans le cadre du commerce triangulaire, les Portugais étant les premiers Européens apparaissant dans le golfe de Guinée à la fin du xvème siècle, à l’initiative du prince Henri le Navigateur , né le 4 mars 1394 à Porto, et mort le 13 novembre 1460 à Sagres.
Au xixe siècle, le village Gbékékro était dirigé par le chef charismatique, sage et connu pour son autorité, Gossan Kwa Gbeke, de la tribu des Assabous (groupe Akan). Il suit la Reine Pokou et sa nièce Akwa Boni dans leur épopée à travers la savane baoulé jusqu’à l’installation définitive de la famille royale Baoulé dans la région de Oualébo.
Gossan Kwa Gbeke, préside la cérémonie officielle de conclusion du traité de non-agression avec son homologue Samory Touré ainsi qu’avec la médiation des ‘’Touré’’ de Marabadiassa. À la mort de Gossan Kwa Gbéké, Kouassi Blé lui succède. En 1898, la France implante, sous la conduite du capitaine Benoît, un camp militaire dans la région de Gbékékro, puis après la victoire des Français sur le front soudanais contre l’Almamy Samory Touré, ces derniers décident de conquérir la ville fondée par Gossan.
Kouassi Blé, le successeur de Kwa Gbéké perd la guerre contre les colons
De 1898 à 1900, il s’ensuit une guerre ‘’franco-gbékékroise’’ qui se solde par une défaite ‘’gbékékroise’’ et pousse Kouassi Blé à émigrer 12 kms à l’est de Gbékékro. Kouassi Blé crée alors Kouassi-Blékro, où siège la grande chefferie Gossan de Bouaké. A la suite de la défaite du peuple ‘’gbékékrois’’, les colons français s’installent
A Bouaké, au début du xxe siècle, existait seulement un poste militaire, un quartier européen et trois villages baoulés. Les colons français décident de fonder une ville nouvelle, administrée et structurée. C’est ainsi qu’en 1900 des liaisons s’établissent entre Bouaké, Toumodi, Tiassalé, M’Bahiakro, Béoumi, Sakassou, Marabadiassa, Katiola. Quatre ans plus tard, s’ouvre le premier bureau de poste de Gbékékro. En 1907, des liaisons télégraphiques sont établies. C’est en 1910 que Gbékékro prend la forme de ville et devient Bouaké. Cette même année William Merlaud-Ponty, gouverneur-général de l’Afrique-Occidentale française, met en place l’approbation du premier plan de lotissement de Bouaké dont les travaux seront conduits par le capitaine Colombe. Deux ans plus tard, les Français mettent en place la ligne de chemin de fer entre Dimbokro et Bouaké.
Djibo Sounkalo et Raphaël-Leygues font le jumelage de Bouaké et Villeneuve-sur-Lot
De 1952 à 1966, le centre connaît une forte densification, la ville s’étend au nord et à l’ouest, certaines localités comme Koko ou Liberté étant transformées en lotissements. En 1957, le Maire de Bouaké, Djibo Sounkalo et le Maire de Villeneuve-sur-Lot, Jacques Raphaël-Leygues, expriment leur volonté de faire un partenariat des deux villes. Le 27 juillet 1957, cette expression de partenariat se solde par un jumelage des deux municipalités. De 1966 à 1982, Bouaké, nouvellement entrée dans la période indépendante, connaît des modifications spatiales importantes avec l’absorption de nouveaux villages3. Des localités périphériques intègrent la ville : il s’agit de Belleville, Broukro, Konankankro3. Dans cette atmosphère d’expansion, des riverains ruraux des quartiers péri-centraux sont déplacés afin de permettre la réalisation d’importants programmes de voirie. En 1971, le Centre du riz pour l’Afrique est créé et installe son siège dans la ville.
Bouaké, 7,6 kms de rayon sur 1 200 hectares
Dans les années 1980, la transformation de Bouaké atteint sa ‘’phase finale’’ et conduit à sa configuration actuelle. Le rayon d’extension de Bouaké est de 7,6 kilomètres ; tous les villages figurant dans cet espace sont intégrés à Bouaké. Depuis 1980, la ville s’est étendue de plus de 1200 hectares.
Politiquement, de 1960 à 2000, Bouaké vit au rythme de la Côte d’Ivoire : 33 ans de ‘’règne’’ de Félix Houphouët-Boigny, succession d’Henri Konan Bédié en 1993, puis coup d’État de Noël 1999, fomenté par Robert Guéï qui destitue H KB à la tête du ‘’pays d’Éburnie’’.
Les différents Maires qui se sont succédé
La ville est membre de l’Union des villes et communes de Côte d’Ivoire, de l’Union des villes africaines et de l’Association internationale des Maires francophones . Elle est également membre de la Fédération Mondiale des Cités Unies (FMCU).
La municipalité est devenue autonome en 1969. En 1978 une loi institue 27 communes de plein exercice sur le territoire du pays. C’est en application de cette nouvelle organisation que Konan Blédou Michel, du Pdci-Rda, fut élu Maire en1980 pour succéder à Djibo Sounkalo (Pdci-Rda). Il est réélu en 1985 pour un second et dernier mandat. En 1990, Konan Antoine, du même parti politique, est élu Maire de Bouaké. Cinq ans plus tard, Konan Konan Denis, également membre du Pdci-Rda, est élu Maire de Bouaké. Aux élections municipales de 2000, Fanny Ibrahima, du RDR, est élu Maire de la ville, et il devient ainsi le premier Maire n’étant pas du Pdci-Rda, l’ancien parti unique au pouvoir dans le pays pendant 35 ans.
Aux élections locales de 2013, les premières depuis la fin de la crise politico-militaire en Côte d’Ivoire, Nicolas Youssouf Djibo est à son tour élu maire de la ville en tant que candidat indépendant. Il rallie quelques mois plus tard le Rassemblement des Républicains, son parti d’origine qui n’avait pas parrainé sa candidature.
Bouaké est la capitale de la région du Gbêkê. La région, collectivité territoriale, est administrée par un Conseil Régional conduit par son président.
Laurent Nahounou
Source : Wikipedia