Lettre de démission à Monsieur le président de l’UPCI
Monsieur le président
Je vous adresse cette lettre pour vous faire part de ma décision de me mettre en congés des activités de l’Union Pour la Côte d’Ivoire (UPCI), notre parti.
Ma décision fait suite au rejet du parti unifié lors de notre congrès extraordinaire le samedi 28 avril 2018 et de votre déclaration à l’émission Matin Bonheur à la télévision nationale, le lundi 7 mai 2018, dans laquelle vous affirmiez n’avoir jamais été un défenseur du parti unifié.
Monsieur le Président, la décision du congrès et votre déclaration traduisent l’incohérence politique de notre parti. En effet, l’UPCI s’est engagée, depuis le second tour de la présidentielle de novembre 2010, aux côtés du RHDP et de son candidat, le Président de la République, SEM Alassane OUATTARA. Nous avons cogéré le pouvoir, dans le gouvernement, avec l’alliance des Houphouétistes et obtenu de bien meilleurs résultats. A la faveur des élections législatives, nous avons eu des divergences de vues avec nos alliés entrainant le départ de notre président, Gnamien Konan. Mais la situation s’est normalisée avec nos alliés et notre parti a retrouvé sa place au sein du Directoire du RHDP. Nous avons participé aux côtés de nos alliés aux travaux du comité de haut niveau qui avait pour objectif principal de travailler sur les textes devant nous conduire au parti unifié. L’UPCI qui était représentée par vous-même et par son secrétaire général, a pris part à toutes les séances de travail jusqu’à l’élaboration du manifeste devenu accord politique, des statuts et règlements du parti unifié. Après avoir paraphé les projets de documents du parti unifié, vous avez signé au nom de l’UPCI, en marge de l’installation du Sénat, l’accord politique portant création du parti unifié.
Conformément aux procédures que nous avons arrêtées de façon consensuelle avec nos alliés, vous aviez la responsabilité avec la direction du parti, de soumettre ces textes à la validation de nos instances. Nous avions aussi la responsabilité, après avoir engagé notre parti à travers notre signature, de sensibiliser nos militants et nos instances sur les motivations qui nous ont conduits à parapher le document. Malheureusement, après avoir fait convoquer un congrès extraordinaire pour plancher sur les textes du parti unifié, notre direction ne s’est pas donné les moyens d’aller informer les militants en vue de leur donner tous les éléments pour faire un choix. Mieux, j’ai été profondément surprise et contrariée quand, au cours d’une réunion tenue la veille du congrès, vous avez plaidé pour que les militants votent pour le non reniant ainsi la signature que vous avez apposée sur le document de l’accord politique en notre nom à tous. Je ne reviendrai pas sur les conditions de l’organisation du congrès où il y a beaucoup à dire.
Vous comprenez donc le sentiment de trahison que j’ai ressenti avec de nombreux militants quand vous avez affirmé hier lundi 7 mai 2018 au cours d’une émission à la télévision nationale, que vous n’avez jamais défendu le parti unifié, donnant ainsi le sentiment de nous avoir utilisés. Pourquoi avez-vous pris part, en notre nom, aux réunions du comité de haut niveau qui avait pour objectif principal l’élaboration des textes du parti unifié ? Si comme vous l’avez dit hier, vous n’avez jamais été un défenseur du parti unifié, pourquoi ne l’avoir jamais dit de façon claire au cours de nos réunions de bureau politique ?
Même si la politique est perçue comme le théâtre d’ambitions et de reniement, la conception qui est la mienne recommande un minimum de cohérence, d’éthique et d’honnêteté non seulement vis-à-vis de nous-mêmes, mais aussi de nos alliés. En agissant ainsi et avec votre dernière déclaration vous avez discrédité l’UPCI aux yeux de l’opinion publique. Pour ma part, j’ai l’intime conviction qu’au-delà de nos intérêts personnels, de postes, notre pays, la Côte d’Ivoire a besoin d’être rassemblée et nous avons le devoir d’offrir aux générations à venir de meilleures opportunités de paix et de stabilité. C’est ce qui a toujours guidé mes options politiques en faveur du rassemblement des enfants d’Houphouët-Boigny.
Vous comprendrez dès lors que l’option actuelle prise par le parti et vous-même heurte mes convictions profondes et va à l’encontre du choix que nos militants UPCI de la région du Goh dont je suis le 1er responsable avaient fait en faveur du parti unifié. Cela m’oblige à démissionner de mon poste de Vice-présidente de l’UPCI et m’amène à me mettre en congés des activités du parti. Pour le reste, je continuerai à œuvrer pour le parti unifié pour lequel je me rendrai disponible.
En espérant que la sagesse prévaudra et que l’UPCI pourra un jour se réconcilier avec les valeurs qu’elle a défendues ces dernières années, je vous souhaite bon vent
Honorable DOGO Logboh Myss Belmonde
Ex-Vice-Présidente chargée des Relations Extérieures de l’UPCI