Le procès contre le général Mokoko et ses coaccusés s’est ouvert devant le ministère public et le collège de ses avocats, conformément à la loi en la matière. Dans l’acte d’accusation lu par l’huissier de justice, il ressort que le général Jean Marie Michel Mokoko, en détention depuis 2016, est accusé par l’Etat congolais et le ministère public d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat.

L’officier général est également inculpé de détention illégale d’armes et munitions de guerres. La Cour a révélé que lors d’une perquisition à son domicile, il avait été saisi, entre autres, onze fusils d’assaut de type PMK, dont huit avec crosses pliables et trois en bois ; treize grenades ; trois castors ; trois caisses de munitions de PMK de 7,62 m ; des portes ceintures avec grenades et vingt chargeurs garnis de PMK. Un armement, selon la Cour, mobilisé pour fomenter un coup de force dont le but était de renverser le pouvoir.

S’agissant du grief portant sur la sécurité intérieure de l’Etat, le général de brigade est aussi accusé d’avoir préparé, en 2006, un coup d’Etat, en complicité avec six mercenaires français et un Congolais, le nommé Gilbert Moudilou, tous actuellement sous le coup du mandat d’arrêt international.

Interrogé sur la véracité des faits requis à son encontre, le général Jean Marie Michel Mokoko a balayé d’un revers de main tous les griefs mis à sa charge. « Je l’ai déjà dit à plusieurs reprises lors de mes différents interrogatoires, que je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés, il y a beaucoup de faits qui sont surfaits », a-t-il indiqué.

La Cour voulant introduire dans le fond, l’accusé a simplement opté pour la politique de la bouche bée, clamant à cor et à cri qu’il jouit de l’immunité juridictionnelle et ne peut donc répondre à aucune question des juges.

« En vertu de l’immunité juridictionnelle que me confère le décret 2001/179/ du 10 avril 2001, portant création du Conseil des ordres nationaux, en ma qualité de dignitaire de la République, je ne peux être poursuivi dans aucune juridiction de la République. Je ne peux donc pas répondre à vos questions », a insisté le général Jean Marie Michel Mokoko. L’accusé n’ayant pas fléchi, le président de la Cour d’appel a, au nom du parquet, pris acte de son mutisme.

« C’est dans vos droits de refuser de parler. La Cour a pris acte et en tirera les conséquences. Seulement, cela n’empêchera pas la Cour de poursuivre l’audience sur les chefs d’accusation contenus dans le dossier », a réagi le président de la Cour d’appel, Christian Oba.

Face à ce dilemme, le procès a été immédiatement suspendu. Le sort du général de brigade sera scellé et connu, sans nul doute, dans les prochains jours. Précisons que ce procès s’est ouvert dans une extrême restriction de la presse. Sans raison aucune, la plupart des médias locaux y ont été formellement interdits d’accès. La presse internationale n’a été repêchée que tard dans la soirée, après moult tractations.

FUMU BIPE