« Les petits esprits ont besoin de despotisme pour le jeu de leurs nerfs, comme les grandes âmes ont soif d’égalité pour l’action du cœur ».
(Honoré de Balzac)
Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, les anciens chefs de guerre sont devenus les plus heureux dans notre pays. Ils sont protégés par une justice aux ordres. Même le chef de guerre, devenu ministre, premier ministre et président de l’assemblée nationale, par la force des armes, cherche à charmer de façon civilisée comme s’il découvrait, par enchantement, la beauté de la démocratie. Mais les Ivoiriens n’ont pas encore oublié les crimes économiques (casses des agences de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest de Bouaké, Korhogo et Man) et les nombreux morts du fait de la barbarie de ses hommes. Il n’a pas préféré la voie difficile, celle où les convaincus d’une cause, ne cessent d’emprunter, pour aboutir à la noble sacralisation de la vérité. Par la faute de la rébellion, les policiers, gendarmes et militaires ont perdu le respect que les populations leurs accordaient jadis. Les illettrés endurcis osent même porter main aux forces de l’ordre, ceux qui sont allés à l’école pour mériter leurs postes. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, nos enfants ne sont pas en sécurité à cause des crimes rituels. Ce sont les pratiques de l’ex-rébellion qui retrouvent des couleurs dans notre pays. Il est admis que les rébellions armées accentuent la haine entre les concitoyens, favorisent des fossés qui se créent et s’entretiennent. Pour affaiblir les gouvernements, elles s’attaquent à tout ce qui est symbole de l’Etat, les militaires qui tombent sous le coup de leurs canons. Comme une toile, la haine se tisse et se radicalise. Le conflit prend une dimension avec des vœux délibérés. Les rébellions ont toujours retardé le développement des pays africains. Une fois le conflit éclaté, les théâtres des opérations se transforment en site de catastrophes naturelles. Les rebellions détruisent non seulement les républiques mais également elles trahissent les relations entre pays voisins. En effet, un élément caractéristique des rébellions d’aujourd’hui est leur nature extraterritoriale, car mettant aux prises un ou plusieurs pays frontaliers qui servent de base arrière à ces mouvements rebelles et qui, en plus, leur apportent un soutien matériel, militaire et financier. Au besoin, on peut recourir à quelques mercenaires. Ce qui est frappant, c’est que le soutien dont bénéficient ces mouvements de la part des pays frontaliers, avec la complicité de la communauté internationale, ne peut en aucun cas être reconnu officiellement malgré les multiples preuves de leur implication portées à la connaissance de l’opinion tant nationale qu’internationale. En outre, on a constaté que ces rébellions partent souvent des ethnies transfrontalières dont la principale revendication est d’ordre identitaire, en s’appuyant sur les brimades et exactions dont elles se réclament être victimes ainsi que de leur exclusion dans la gestion de la chose publique. Pour donner une coloration nationale à leur mouvement, certains associent les éléments d’autres ethnies, comme on a pu le constater en Côte d’Ivoire. La liste des conséquences des rebellions est longue. Une autre particularité de ces rébellions modernes est leur privatisation du simple fait des convoitises et de l’exploitation illégale des ressources naturelles d’un pays par certaines multinationales ou carrément par des trafiquants internationaux véreux et leurs affidés locaux. Ce qui est à la base de l’essor prodigieux d’un affairisme d’Etat, qui impliquent toutes les hautes personnalités tant civiles que militaires des pays impliqués dans ces conflits. Par-dessus tout, les rebellions fragilisent les jeunes démocraties, en démontrant aux yeux du monde que la légitimité issue des urnes ne rime pas avec elles et qu’elles peuvent à tout moment changer le cours de l’Histoire. En réalité, ces chefs rebelles sont des incapables qui veulent gravir les marches de l’Histoire au forceps. C’est donc pour toutes ces raisons que nous ne devons jamais accorder un minimum de respect à ceux qui ont pris les armes contre leurs peuples. Certes le pardon est nécessaire pour la réconciliation pour autant, la mémoire doit rester vive pour ne porter les anciens rebelles au pouvoir. Habitués à la barbarie, ces anciens rebelles deviennent tout naturellement des despotes, une fois au pouvoir. C’est pour ces quelques raisons que les jeunes démocrates africains doivent s’interdire cette aventure isolée, celle de suivre les éternels assoiffés de pouvoir.