Son Excellence MUKABALISA DONATILLE, Présidente de la Chambre des Députés de la République du Rwanda

Hamed Koffi ZAROUR

Mme Mukabalisa Bonatile, présidente de l’Assemblée nationale du Rwanda, est arrivée en Côte d’Ivoire, à l’occasion de l’ouverture de la session ordinaire de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Elle a parlé aux ivoiriens, face à leurs députés. Dans un discours d’une très haute portée et d’une remarquable profondeur, elle nous a fait une admirable leçon de vie, sur ce que devrait-être le pardon et la réconciliation vraie, dans un pays marqué par un douloureux et fratricide passé récent.
C’est un Rwanda modèle et moderne, génotype d’une nation unie, prospère et réconciliée, qu’elle nous a conté.
Elle nous a appris qu’au sortir du génocide de 1994, les notions de pardon et de réconciliation n’ont pas été lapidairement décrétées, ni scandées à tout vent, comme des slogans de campagne. Elles ont été institutionnalisées, dans des concepts concrets, ancrés dans le quotidien des Rwandais. La réconciliation nationale ne consiste pas à appeler à la paix entre des partis politiques. Elle ne consiste pas non plus à n’apaiser que les rancœurs de certains militants ou d’une frange de la population, au détriment d’une autre. La réconciliation nationale implique d’œuvrer à ce que toutes les parties au conflit, comme toutes les populations civiles victimes non partisanes, reprennent goût à l’idée de se retrouver autour de valeurs cardinales, dans le creuset de la nation, afin de participer, INCLUSIVEMENT, au développement du pays. Le Rwanda n’a pas procédé au châtiment systématique de ses fils fautifs, par des emprisonnements continuels. Mais à la contrition manifestée par la repentance sincère et solennelle des mises en cause, la nation a à chaque fois accordée son pardon !
C’est une solution originale et inédite que les rwandais ont adoptée. Car ils avaient le choix entre opter pour une interminable chasse aux sorcières, et requérir l’ensemble des forces vives de la nation, pour œuvrer de façon collégiale, intégrée, participative, solidaire, à son émergence. Ils ont choisi la plus COURAGEUSE des options : la seconde !
Par ailleurs, le prodigieux visage que nous donne de voir le Rwanda procède aussi d’un leadership éclairé de ses dirigeants. Le Président Kagamé a opéré le choix stratégique d’investir dans ses concitoyens. Par une redéfinition en profondeur des systèmes de l’éducation, la santé, l’agriculture, le commerce intérieur et extérieur, le tourisme, les logements sociaux et la salubrité publique. Le Gouvernement Rwandais a consenti de nombreux efforts, soutenus et constants dans l’atteinte de ces objectifs. Le Président Kagamé, ayant compris qu’un peuple vivant décemment, en paix, sans exclusion et à l’abri des besoins élémentaires, est plus enclin à s’approprier tout processus de réconciliation, en a fait son cheval de bataille. Il a mis le citoyen rwandais au cœur de l’action gouvernementale. Il œuvre, non pas pour réaliser des chiffres impressionnants, mais essentiellement pour impacter positivement le quotidien de chaque rwandais. Le développement du capital humain reste sa priorité.
Il est indéniable que la fragilité de l’Afrique procède de son manque criard de tout ce qui est essentiel. L’inflation y est galopante, haussant la cherté de la vie. Les infrastructures de base, quand elles voient le jour, tombent très vite en désuétude, faute d’un système fiable de suivi et d’entretien. L’exploitation et la gestion des ressources naturelles est opaque et monopolistique. Les perspectives en termes de plan de développement ne sont pas clairement définies. L’oppression des politiques d’imposition est constante, et l’environnement juridique et judiciaire est instable. Ce qui a pour effet de brouiller la visibilité des investisseurs étrangers, et d’asphyxier l’initiative intérieure. Le Président Kagamé s’en est pris frontalement à ces handicaps. Il a compris que bâtir une nation réconciliée et prospère, c’est avant tout bâtir le quotidien et l’avenir des individus qui la composent. Peu importent leurs antécédents et appartenances politiques.
Enfin, la condition de la femme au Rwanda a été déterminante dans le redressement socio-politique et économique de ce pays. Mme Mukabalisa Bonatile a révélé que dans son pays, l’objectif de parité hommes-femmes aux postes de responsabilité ne relèvent pas d’une faveur, mais d’une question de droit. Au Gouvernement, au Parlement, au Sénat, dans le Judiciaire et dans plusieurs autres administrations centrales, le taux de représentation des femmes oscille au bas mot aux alentours de 40%. Ce qui en fait le 1er pays en Afrique où la représentation de la femme dans les instances décisionnelles est le plus élevé.

Le Rwanda est un modèle de réussite. La Présidente du Parlement rwandais en a conscience. Fière des résultats obtenus dans son pays, elle a martelé du haut du perchoir ivoirien, que ce qui a marché dans son pays, peut marcher partout ailleurs en Afrique. Proposant ainsi implicitement, le modèle rwandais à ses homologues ivoiriens.
Alors que s’ouvre la session ordinaire du parlement pour l’année 2018, les attentes des ivoiriens sont grandes, vis-à-vis de leurs parlementaires. Nous osons espérer que les propos enrichissants de Mme Mukabalisa Bonatile auront un échos favorable dans la conscience collective des représentants de la nation.

Une contribution de Hamed Koffi ZAROUR