Mon Procureur de la République Adou Richard,
Hier 22 mars 2018, après mon passage à tabac par la Police Nationale de Côte d’Ivoire, j’ai été porter plainte pour le vol de mes effets personnels au commissariat du 12eme arrondissement à Cocody-Vallon. Le capitaine Achi Paul m’a fait clairement savoir : « Si tu es trop fâché, va porter plainte devant le procureur de la république ».
Bien, avant cela, il m’avait sorti cette phrase : « donc tu veux porter plainte contre la Police ! »
Procureur Adou Richard, je ne sais pas comment vous interpréter ces deux phrases. Mais pour le justiciable que je suis, cela veut dire que la police en particulier et les forces de l’ordre de façon générale sont au-dessus de la loi. Je ne peux pas croire aux élucubrations d’un officier de police qui veut protéger ses collègues violeurs de la liberté d’expression.
C’est pourquoi, de part cette plainte que j’ai déposée à votre cabinet ce vendredi 23 mars 2018, je mets l’Etat de Côte d’Ivoire face à ses responsabilités. Oui, l’Etat doit prendre ses prendre ses responsabilités face aux dérives et bavures policières. Oui, l’Etat doit prendre ses responsabilités face aux comportements méprisants répétés des forces de l’ordre à l’égard des professionnels des médias.
Je ne vais pas parler de mon cas. Je vois encore César Djedjemel se chercher comme moi sous les coups de boutoir des gendarmes de Port-Bouët. Procureur Adou Richard, tout près de nous, je vois encore la puissante gifle d’un policier sur la joue de la consœur Olga Ottro du quotidien ‘’Le Nouveau Réveil’’. Je vois encore, le coup de poing des gardes de corps du président Ouattara dans le visage du confrère Cyril Bah de ‘’L’Expression’’.
Procureur Adou, où allons-nous ? Vous qui êtes si prompt à foutre au gnouf, notamment les journalistes, que faites-vous face aux policiers et gendarmes qui violent la loi nuit et jour au su et au vu de tous ? Certains seraient-ils au-dessus de la loi en Côte d’Ivoire ? Je n’ose pas y croire. Car je sais compter sur votre sens de la responsabilité et du devoir à l’endroit du contribuable.
À ce qu’il paraît, l’Ivoirien ne porte jamais plainte. C’est ce qu’on entend souvent. Mais Monsieur le procureur Adou, à toute fin utile, je tiens à vous signaler que chacune des personnes citées plus haut a porté plainte. Malheureusement, les enquêtes n’ont jamais abouti, d’ailleurs comme beaucoup d’enquêtes en Côte d’Ivoire.
Procureur Adou, Moi, Daouda Sa majesté Coulibaly, pour parler comme les Ivoiriens, je sais que les gens veulent gâter votre nom. Moi je sais que vous êtes un bon procureur et je sais aussi que vous allez au moins vous saisir de cette affaire me concernant, pour montrer à l’opinion que vous n’êtes pas un procureur aux ordres mais un procureur qui fait son travail en toute intégrité et impartialité, au service de la justice et de la vérité. Mais surtout, un procureur qui à la conscience professionnelle irréprochable.
Procureur Adou Richard, c’est sur ces notes d’espoir que je vous affirme encore une fois, qu’au-delà de la tortue physique et psychologique dont beaucoup de journalistes et Ivoiriens sont victimes, la police Nationale de Côte d’Ivoire a tendance à faire croire aux citoyens que nous sommes que nous ne pouvons pas compter sur vous. Que nous ne pouvons pas compter sur la justice de notre pays. Je ne veux et je ne peux pas y croire.
Au demeurant, nous sommes dans un pays laïque, l’Eternel Dieu des Armées ne peut et ne doit pas être notre seul refuge face à l’injustice et à la barbarie de certains agents des forces de l’ordre.
Force doit rester à la loi!