La médiatisation d’une rencontre privée, organisée à cette fin entre autres, participe de la manipulation des symboles. C’est à la fois un message politique et une action stratégique. En effet, la FESCI a été historiquement l’un des puissants vecteurs de la contestation et de la politisation de la vie ivoirienne. Elle a été aussi le fer de lance de la jeunesse, au plan idéologique et de la mobilisation. En cela, elle est une force incontestable. L’on peut donc compter sur son influence et ses capacités (combativité, organisation et mobilisation). Un syndicaliste, un politique et un ancien dirigeant de cette organisation ne saurait l’oublier. Pourquoi aujourd’hui ? C’est le volet récupération et politique de l’évènement.
La FESCI c’est aussi le creuset d’une certaine idéologie social-nationaliste et d’une expérience populiste (pouvoir de la rue) et l’initiateur de méthodes violentes dans la société ivoirienne, voire fascisantes. Ses deux Secrétaires Généraux les plus emblématiques (SORO et BLÉ GOUDÉ l’ont démontré, l’un avec la Rébellion et l’autre avec la Galaxie Patriotique, gravitant autour du FPI et du COJEP. Ainsi, non seulement elle a toujours été inféodée à des personnalités et à un régime politique, au point de devenir l’instrument du Pouvoir de la Refondation entre 2000 et 2010, voire sa milice armée, mais elle n’a jamais œuvré véritablement pour la cause estudiantine. Pour preuve, son bilan très négatif pour l’école ivoirienne, qu’elle a contribué à détruire.
J’entends parler d’esprit “fesciste” sans savoir ce que c’est réellement. Dans tous les pays du monde, la jeunesse a toujours eu un esprit de contestation et une capacité révolutionnaire. Ce n’est pas une spécificité. Le syndicalisme n’est pas non plus une distinction particulière, sauf si l’on retient la “théâtralisation”, la violence et la médiocrité qu’elle y a apportée. La FESCI n’a jamais été animé d’un esprit démocratique et de paix, puisqu’elle n’a jamais toléré la différence et la contradiction. Son esprit est d’imposer, au besoin par la force. On se réfère à elle en parlant plutôt d’expéditions punitives, de machette et de cadavres. Elle ne porte pas non plus une idée de progrès social, car l’intérêt général, et la promotion du bien être des étudiants et du peuple n’a jamais été sa préoccupation première. Elle ne peut revendiquer aucun bilan dans ce sens, à part les agoras, le racket et l’opportunisme.
Voir des prétendants à la magistrature suprême du pays, vouloir s’appuyer sur cette force, réactiver cet esprit, pour arriver à ses fins est une déception. Il y a des compromissions qui ne sont pas possibles, même si on a été forgé dans ce moule par le fait du mouvement des générations. Non la vision d’un homme d’état ne peut pas être celle-ci. Les historiens, professeurs et politiques, qui l’ont tenté par le passé, n’ont apporté à la Côte d’Ivoire que désolation, pour avoir fait ce choix. Encore que se trouvaient acculés à la réaction. On doit apprendre de l’histoire et grandir en maturité. Le désordre, la médiocrité et la violence, ne sont pas une option pour l’avenir d’un pays. Quand on aura tout essayé gardons-nous tout de même, d’aller fouiller dans les poubelles de l’histoire, pour renaître. Nous ne sommes pas dans un monde manichéen. Cela veut dire que la FESCI a également des actions à mettre à son actif (luttes pour le multipartisme, résistance contre la répression, protection de la Patrie, acquisition de certains droits, défense de certains intérêts étudiants), mais globalement son bilan est plus que négatif. Il ne peut être donné comme modèle et référence à notre jeunesse, à notre pays.