Laurent-Gbagbo

(Suite et fin)

Les GOR qui s’en réjouissent peuvent-ils comprendre que l’article de André Silver Konan publié par Jeune Afrique sous le titre de “ CÔTE D’IVOIRE : ABOUDRAMANE SANGARÉ, DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE“, n’avait en réalité pour intention manifeste que de briser un faux mythe en levant un coin de voile sur la personnalité énigmatique de Sangaré? Rien n’est moins sûr quand l’on connaît le degré de l’endoctrinement subi par nos camarades frondeurs.

Toujours est-il que la vérité est là, implacable : Sangaré n’est pas né chef et n’a pas su le devenir, c’est bien cela que Jeune Afrique veut nous faire comprendre. Car en politique, rien ne se fait jamais au hasard. Chaque situation ou attitude a toujours une explication. Connaissez-vous quelqu’un qui a appris à faire la politique ou à se perfectionner politiquement en apprenant à rester silencieux et isolé? La politique est avant tout l’art de communiquer or Sangaré est incapable de communiquer, de s’extérioriser, de mettre en cause et surtout de se remettre en cause. Comment peut-on réussir en politique, convaincre et mobiliser sans savoir communiquer, s’ouvrir aux autres, partager les idées? Que vise Sangaré en restant cloîtré, isolé dans sa maison, coupé de tout et de tous, comme un Robinson Crusoé sur son île? S’habituer à s’isoler, c’est cultiver l’égoïsme, la méchanceté, l’agressivité, et l’obscurantisme qui sont un frein à l’épanouissement de l’être humain parce que lui donnant une image totalement erronée ou tronquée de la réalité.

Il y a aussi dans l’article de Jeune Afrique qu’ébloui et fasciné par la personnalité du Woody de Mama, Sangaré réduit tout à la personne de Gbagbo. Et Jeune Afrique de préciser que : « Pour lui, pas de changement possible en Côte d’Ivoire sans Laurent Gbagbo ». Une véritable tragédie donc, pourrait-on dire. Comment placer le sort d’un simple individu, fût-il Gbagbo, avant celle de millions d’ivoiriens? La querelle née de la fausse accusation lancée injustement à Affi de vouloir tourner la page Gbagbo est partie de là. Ce culte flagrant et indécent de la personnalité et cette idolâtrie exacerbée ont emmené Sangaré à croire que faire la politique au FPI en Côte D’Ivoire, c’est ne parler de rien d’autre que de Gbagbo. La même chose était, comme on l’a vu, arrivé aussi à Gbagbo lui-même. Choqué et ulcéré par la gouvernance houphouëtiste, l’ex-président ivoirien avait cru que faire la politique était uniquement combattre Houphouët-Boigny, le PDCI et les baoulés. Il ne s’était pas ainsi rendu compte que le monde changeait et que les défis se multipliaient. Il fut alors surpris par l’ampleur de la rébellion armée et a favorisé involontairement l’alliance ADO-BÉDIÉ qui a détruit la démocratie et la paix en Côte D’Ivoire.

Et maintenant face à 2020, faut-il continuer la politique d’autruche et penser que tout finira par s’arranger ou prendre le courage de s’unir et partir ensemble au combat pour gagner? Une chose reste sûre, si du côté de Affi, l’on est partant pour la réconciliation et l’unité au sein du FPI, c’est que l’on a la certitude que Gbagbo veut qu’ainsi soit fait. Donc l’espoir de retrouver cette unité dynamique et combattante existe. La jeunesse du parti est déjà en branle et la mobilisation s’active à la base. Du côté de Sangaré, Jeune Afrique nous reconfirme que << certains, au sein de la mouvance qu’il incarne, n’excluent plus de participer aux élections municipales, voire de présenter un candidat FPI à la présidentielle de 2020 >>.

Alors si d’un côté, il y a Gbagbo qui souhaite et demande (enfin) l’unité du parti et de l’autre les GOR qui veulent (enfin) participer aux élections de 2020, que nous reste-t-il donc encore pour nous réconcilier, restaurer l’unité du parti et pour 2020 préparer déjà un candidat consensuel choisi à un Congrès unitaire? Le hic est que Jeune Afrique, dans son article, semble n’accorder aucune confiance à Sangaré en tout et surtout concernant particulièrement cette unité tant réclamée et recherchée au FPI. Ce journal panafricain semble ainsi nous prévenir d’un grand risque de fourberie de la part du chef des GOR. En effet, rapportant les propos d’un observateur de la vie politique, l’article affirme que << la ligne défendue par Sangaré s’inscrit dans la continuité de la stratégie, faite de duplicité, de Gbagbo >>. Cela pourrait signifier tout simplement que Sangaré pourrait être capable de pratiquer, comme Gbagbo, la fameuse politique du boulanger, c’est-à-dire du double langage avec ses interlocuteurs pour à la fin les rouler dans la farine.

Jeune Afrique va même plus loin en pointant du doigt le radicalisme de Sangaré et de Simone, rappelant que « de fait, lors de la crise postélectorale de 2011, les plans jusqu’au-boutistes de l’ancien président reposaient sur deux personnes : Simone Gbagbo et Sangaré ». Ces deux importantes personnalités du FPI sont donc soupçonnées d’être capables de tirer les ficelles dans l’ombre pour torpiller toute éventuelle unité du parti. Sangaré et Simone ne sont alors pas simplement présentées comme d’éventuels obstacles à une quelconque modernisation du FPI mais aussi et surtout comme de véritables bombes à retardement au sein du parti qui pourraient exploser à tout moment et refaire voler en éclats l’unité du FPI une fois celle-ci acquise. Nous voyons donc pourquoi l’unité que tous nous voulons au FPI soit construite sur la base de la sincérité et de la bonne foi pour éviter sa remise en cause sur des sautes d’humeur ou des attaques de nerfs. Avec tout ce que nous avons vécu et continuons de vivre en Côte D’Ivoire, nous savons désormais que la politique n’est pas une comédie mais plutôt un jeu de la mort et de la survie.

Finalement, se moquant ouvertement du refrain incantatoire de Sangaré qui clame chaque jour que << Gbagbo reviendra >>, Sylver André Konan bouclera son article paru dans Jeune Afrique en les tournant tous les deux en dérision, lui et Gbagbo, les présentant comme Estragon et Vladimir, deux comédiens capables de nous faire rire comme de nous faire pleurer et qui dans la pièce de théâtre de Samuel Beckett intitulée “En attendant Godot” attendent obstinément Godot. Et comme pour dire aux GOR qu’ils risquent d’être amèrement surpris, il prononce cette grave sentence qui devrait faire réfléchir tout le monde : << L’ancien président de l’Inspection générale d’État, qui aime le théâtre autant que son ami détenu par la CPI, sait pourtant qu’à la fin Godot n’est jamais venu >>.

Chales Sinclair Zeze, Ottawa, Ontario, Canada