Il suffit vraiment de peu de choses pour faire leur bonheur. Comment un groupuscule ayant pourtant en son sein quelques intellectuels confirmés, peut-il continuer ainsi à lire les articles de presse à l’envers? Il a en effet suffi que sous la plume d’André Silver Konan, Jeune Afrique, dans son édition digitale du mardi 21 novembre 2017, publie un texte intitulé “ CÔTE D’IVOIRE : ABOUDRAMANE SANGARÉ, DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE“, pour qu’aussitôt La Voie Originale, le journal de la dissidence, crie à la victoire médiatique en brandissant fièrement à la Une de son N° 312 du mercredi 22 novembre 2017, que “JEUNE AFRIQUE SALUE LA FIDÉLITÉ DE SANGARÉ À GBAGBO”.
Trois fois faux, dirais-je. En effet, l’article publié par Jeune Afrique ne fait nullement l’éloge de supposées qualités ou vertus de Sangaré. Le vice-président du FPI en a certainement mais l’article en question met plutôt en exergue ses défauts, je dirais ses tares. Déjà au niveau même du titre, l’axe syntagmatique “… de l’ombre à la lumière” est lui-même très révélateur. Sangaré est ainsi tiré de l’ombre (où il se cachait) et est montré à la lumière pour que chacun voit son vrai visage, sa face cachée. Jeune Afrique le déshabille donc et montre sa nudité jusque-là méconnue. Lisons entre les lignes. Nous allons alors nous intéresser très particulièrement à quelques morceaux choisis de cet article :
JA écrit et je cite: « … Aboudramane Sangaré est un personnage discret qui préfère le silence de sa vaste résidence privée de Cocody aux tumultes des rassemblements publics – il n’a d’ailleurs pas souhaité répondre aux sollicitations de Jeune Afrique ».
La politique étant un métier public et un homme politique restant avant tout une personnalité publique, Sangaré apparaît ainsi comme une véritable anomalie dans l’univers politique où tous les leaders se sentent toujours beaucoup plus à l’aise au contact des gens que coupé des gens. Félix Houphouët-Boigny ne disait-il pas que hors du peuple il n’était rien? Peut-on être un jumeau de Laurent Gbagbo, être membre fondateur d’un parti appelé Front Populaire et avoir cette étrange phobie des contacts? Peut-on être un socialiste et aimer vivre en marge de la société? Les tournées politiques, les manifestations populaires et les embrassades ne seraient-elles donc que pure hypocrisie de la part de Sangaré?
JA nous apprend que Sangaré « préfère le silence de sa vaste résidence privée de Cocody aux tumultes des rassemblements publics ». L’on comprend alors pourquoi il préfère tenir toutes les réunions des GOR au domicile des Gbagbo et non chez lui-même. S’il n’aime pas les tumultes (les bruits comme les appelle Jacques Chirac), certainement que comme lui, il n’aime pas non plus les odeurs. Il a bien sûr besoin de tout le monde (les ivoiriens, les militants et les GOR), pour les activités politiques, mais il les tient bien à distance, que personne n’aille troubler le silence qui règne en sa résidence.
Un homme politique a souvent besoin de s’ouvrir aux autres, de parler, d’échanger, de discuter, etc. Il reste aussi vrai que toute personne a parfois besoin de silence autour d’elle et chez elle pour mieux se resituer et appréhender mieux certaines situations. Mais faire du silence une obsession, aimer de manière schizophrénique le repli sur soi-même et s’introvertir à l’excès n’est que faire un pas de géant vers l’abîme de la folie.
La discrétion de Sangaré a même engendré la paresse et le laxisme. Ainsi, durant tout le temps qu’il a passé au ministère des affaires étrangères et comme chef de la diplomatie ivoirienne, le seul chef d’état qu’il a rencontré n’est autre que Laurent Gbagbo, les seules actions qu’il a conduites ont été de retirer le passeport diplomatique à la veuve d’Houphouët-Boigny et aux rebelles angolais de l’Unita. La direction des ivoiriens de l’étranger qui était rattachée à son ministère n’avait jamais eu de siège ni de téléphone de contact. Tout cela parce que Sangaré adore le silence et n’aime pas qu’on l’emmerde. Drôle de politicien !
À suivre…
Charles Sinclair Zézé, Ottawa, Ontario, Canada