Timeo Danaos et dona ferentes, le crédo des fidèles et aussi des mécréants: je crains les partis politiques, surtout quand ils viennent avec des cadeaux
UPF-Belgique | “Timeo Danaos et dona ferentes!“: fait partie de la belle versification du poète latin Virgile (70 à 19 av. J.-C.), dansl’Enéide, lorsqu’il fait dire à Laocoon: “Je crains (timeo) les Danaens (Danaos, une peuplade grecque du nord-est), et en particulier, et surtout (tout cela inclus dans ce seul et minuscule mot “et“), lorsque [sous-entendu] ils apportent (ferentes) des cadeaux, des présents (dona). L’expression a survécu à deux mille ans d’histoire. Elle est devenue un proverbe, cité à tort et à raison (notamment dans Astérix) et aujourd’hui abondamment chanté sur les “blogs” de tous poils concernant la crise financière grecque ou européenne.Nous nous bornerons ici à un emploi pertinent du vers de Virgile, ce vers qu’on aurait voulu écouter plutôt venant du chef de gouvernement fédéral belge ” rampant et rigolard ” qui prétend maintenir à flots depuis un an la barque de l’Etat dans la tempête politique, idéologique et morale qui frappe la Belgique et l’Europe. Nous apporterons toutefois au vers virgilien un petit aménagement, cosmétique.
Le chef de file du parti politique dit “réformateur” qui a renié l’essentiel de la philosophie libérale énoncée par le génial Alexis de Tocqueville (1805-1859), aurait dû dire, s’il avait été politiquement honnête, ceci: “timeo Danaos-NvAos et dona ferentes”.
Relecture. Honteux sans doute de cette réputation de “rampant”, alors qu’il avait juré, la main sur le cœur, que jamais de sa vie il ne s’associerait avec un parti séparatiste, anti-belge, nostalgique de la collaboration sous l’Occupation, anti-immigrants et raciste de surcroit (dixit le constitutionaliste Francis Delpérée), ce chef de gouvernement donc a déclaré publiquement “qu’il s’était trompé” sur le caractère dangereux et raciste du parti ultra-flamingant majoritaire en Flandre: “non, il n’est pas honteux de frayer avec ce genre de parti politique, clame pathétiquement l’homme au sourire en coin qui recherche à l’extérieur, de Pékin à Erevan, des appuis tous azimuts.
En effet, les flamingants partenaires au sein de l’Exécutif fédéral lui auraient donné des “gages” (le fameux dona ferentes) de leur probité, de leur souci du bien public, de leur respect des conventions et des compromissions. Et le grand chef rigolard et (dé)plumé les a remercié pour ces présents verbaux mais mensongers et à pu repartir, la conscience apaisée, et conduire une grande visite d’Etat en République populaire de Chine, alors que, au moment même où il embarquait, le président d’Amnesty international Belgique, Philippe Hensmans, lançait une violente diatribe contre cette mission qui escamotait le problème des droits de l’homme en Chine. Au-delà de la communication en catimini aux Chinois du nom de six prisonniers politiques… alors même que, au temps où ces missions étaient conduites par un modeste ministre classé à gauche, Robert Urbain, ce sont des listes de trente à cinquante noms de dissidents (y compris les plus exécrés du régime parce qu’ayant été défenseurs de la liberté à TianAnmen le 4 juin 1989) qui étaient remises aux plus hautes autorités de Pékin.
En ce début de l’été 2015 le chef de l’Etat belge est allé s’incliner, pour sa part, devant le “monument aux héros maoïstes” sis place TianAnmen, sculpture dédiée aux suppôts inconscients du plus grand totalitarisme de la planète, le premier belge jouant ainsi le jeu chinois de la récupération idéologique du nom d’un espace public pékinois connu aujourd’hui comme universellement maudit. Ici aussi, les “missionnaires affairistes” auraient dû se méfier des “dona ferentes” chinois ayant pris la forme d’accords, lettres d’intention et autres promesses plutôt que de sonnants et trébuchants contrats (c’est-à-dire de textes commerciaux à valeur juridique, ne pouvant en principe jamais être rompus) relatifs à des ventes, exportations, investissements, programmes de coopération scientifique ou universitaire, eic.
Car, cerise sur le gâteau, ces entrevues et ces négociations ne se sont pas déroulées dans ce qui est, officiellement, aux yeux de Pékin, la deuxième langue internationale après l’anglais (et par ailleurs langue constitutionnelle de la nation belge), c’est à dire en français.
Cette véritable démission culturelle des partenaires belges des trois régions n’a pu être acquise que sous la pression de l’extrémisme flamand et de ses alliés rampants. Elle n’en fut pas moins, pour les “missionnaires” belges qui ont fait semblant de ne pas s’en apercevoir, une calamiteuse perte de face, actée du reste en bonne et due forme par les partenaires chinois.
La “paille” de l’adoubement des ministres francophones rampant par les partisans séparatistes flamands était pourtant perçue, bien avant leur fuite en Orient, comme une “poutre”! On se rappellera que telle ministre du gouvernement de droite avait menti délibérément au sujet de rapports sur la sécurité nucléaire, que telle autre secrétaire d’Etat avait replongé le pays dans le sous-développement en faisant admettre qu’un retard des trains jusqu’à 30 minutes, c’est quelque chose’ de tout à fait normal et ne donnant bien entendu droit à aucun remboursement (pour la Belgique, pays qui fut un des leaders historiques des chemins de fer dans le monde, quel comble!). Dans le même temps, les plus hautes autorités de l’Etat (dont quelques hauts représentants de la Justice) ont à plusieurs reprises dénoncé – et écrit – que l’évolution de l’Etat belge sous le gouvernement actuel relève d’une république bananière!
De tels propos dans la bouche de présidents des tribunaux… cela a de quoi éclairer le monde entier sur la perte de face programmée des responsables du gouvernement de la Belgique fédérale. Voulue parce que cet Etat a le tort de s’appeler encore “Belgique”?. Les exemples du fiasco de l’aide humanitaire au Népal ou de la fermeture de l’espace aérien supérieur belge pour un simple disjoncteur qui n’a pas fonctionné sont là pour illustrer, au niveau international, le discrédit de l’image “Belgique”.
Quand donc les sages – les vrais – belges et Européens seront-ils écoutés? On pense à Philippe Maystadt, Guy Verhoofstad et Jean-Claude Junker quand ils se scandalisent de l’attitude de l’Europe à l’égard de la Grèce, à Jorge Mario Borgoglio, alias le pape François, quand il ose dire à la face du monde que le vrai progrès, le véritable enrichissement de l’homme, le partage nécessaire des biens et la sauvegarde de la planète passent par la sobriété et la décroissance (oui! vous avez bien lu, il a osé le dire, lui le chef d’un Etat “sans divisions”,le sage que les minables politiciens républicains nord-américains qualifient dès à présent “d’homme le plus dangereux de la planète”).
Pour conclure, nous citerons celle qu’on a faussement accusée d’être communiste parce qu’elle s’était battue contre Franco, et qui s’est cnsidérée comme l’une des plus grandes philosophes de la foi catholique… tout en s’étant battue jusqu’à la mort pour ne pas recevoir le baptème: Simone Weil (1905-1943), résistante engagée par De Gaulle à Londres, afin de le conseiller sur la rédaction d’une nouvelle constitution pour la république française. Mais patatras! Elle lui présenta, à son grand désespoir, un texte prévoyant la suppression des partis politiques, texte tout récemment redécouvert par un éditeur atypique et dont nous reproduisons le facsimilé en tête de cet éditorial.
Reprenons le, résumé en quelques lignes, telles que l’auteure même les rédigea:
“Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective. Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres. La première fin, et, en dernière analyse, l’unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite. Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration. S’il ne l’est pas en fait, c’est seulement parce que ceux qui l’entourent ne le sont pas moins que lui […] Il est douteux qu’on puisse remédier à cette lèpre qui nous tue sans commencer par la suppression des partis politiques”.
Shocking! insoutenable! Pour les chefs de tous ces partis uniques d’Asie et d’Afrique, pour ces formations politiques protéiformes et incolores qui gangrènent l’Europe, en particulier les populistes, les nationalistes et ces partis hagards qui se bornent à n’être que rampants et rigolards…