«Il faut quelqu’un de sa trempe pour redorer l’image de l’Unjci»

 Clovis Sewa

Journaliste-consultant, Clovis Sewa est le fondateur de l’Unjci. À quelques heures du 9è congrès de cette union, le pionnier donne dans cet entretien, son avis sur les raisons de choix pour conduire les destinées des journalistes Ivoiriens. 

Clovis Sewa, vous êtes le fondateur de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire(Unjci). Plusieurs années après, quelle appréciation faîtes-vous de cette union aujourd’hui ?

Merci de vous intéresser à moi à quelques heures du 9è congrès de l’Unjci. Ce congrès doit être, pour moi, un cadre d’auto-évaluation pour les journalistes, de leurs activités de ces derniers temps et de relever certaines pratiques qui font que la presse ivoirienne a une image totalement ternie. Car, cela fait mal quand on sait que les anciens comme nous, avions fait du respect des règles, de l’éthique et de la déontologie, une sorte de dogme. Quand je le dis, je parle, bien sûr, sous le contrôle de tous les anciens. Ce congrès est une opportunité pour tous les journalistes de Côte d’Ivoire de faire donc leur auto-évaluation. Et pour cela, ils se doivent de chercher quelqu’un qui a fait ses preuves en tant que professionnel, quelqu’un qui est intègre et qui a aussi de l’audace pour entamer certaines réformes et remettre l’Unjci sur de bons rails.

Quel sens donnez-vous à votre présence lors du lancement officiel de la campagne du candidat Coulibaly Vamara?

Le jeune confrère Vamara Coulibaly sachant que je suis l’inspirateur de l’Unjci m’a demandé de lui accorder mon onction. C’est un grand privilège qu’il m’a fait. J’en étais très flatté. Il pouvait le faire sans moi. Le faisant, c’est une façon pour lui de respecter tous les devanciers à travers ma personne. Sachant son sérieux, j’ai dit oui. Et il m’a invité à faire un témoignage sur l’Unjci pour que les choses se sachent pour les plus jeunes et qu’on ne mette rien sous la table. Et c’est ce que j’ai accepté de faire. La situation est assez grave et je ne dis pas que Vamara va régler tous les problèmes. Mais, il donne un gage d’assurance en disant d’entrée de jeu, qu’il va prêter serment devant les hautes institutions de bonne gouvernance. Cet acte est un gage de confiance. L’engagement est noble et doit être soutenu. Et c’est déjà rassurant de savoir qu’il a pris l’engagement de rendre le tablier si jamais il était pris dans des manquements graves.

Cela dit, comment appréciez-vous personnellement la candidature de Vamara Coulibaly?

Il est démontré partout que c’est un garçon sérieux. Il n’a pas explosé dans le métier, certes, comme les Diégou Bailly et autres, mais il m’a démontré qu’il est très professionnel. Et, je soutiens les gens qui le sont. Je souhaite donc qu’il soit un bon dirigeant. Vu donc le travail qu’il abat au sein du Groupe Olympe où il est directeur de publication, je n’ai aucun doute sur ce qu’il pourrait apporter comme mieux- être à la corporation. Il a promis que s’il vient là, c’est par orgueil, pour redorer l’image de l’Unjci.

On peut donc aisément déviner que c’est lui votre choix, votre candidat?

À 100%. Notre presse a mauvaise presse depuis ces trois dernières années. Et on cherche quelqu’un de sa trempe pour rehausser son image. Dans ce contexte, j’estime que ce n’est pas la peine de suivre ceux qui ont déjà démontré qu’ils veulent détruire la corporation. Il faut qu’avec Vamara Coulibaly, les journalistes reviennent à un meilleur militantisme au sein de l’organisation.

Au cours d’une conférence de presse tenue à la maison de la presse mercredi, la liste ”Agissons pour une Unjci rassemblée et crédible” conduite par Vamara Coulibaly, a déploré plusieurs irrégularités dans l’organisation du congrès et va même jusqu’à récuser le président du comité d’organisation, Joseph Anoma. Que vous inspire donc cette situation?

Je refuse de rentrer dans la polémique parce que je ne suis pas un militant actif dans le cadre de ces élections. Bien que j’aie toutes mes cartes, après mon retour dans la corporation. Je ne connais pas les tenants et les aboutissants de l’affaire. Personnellement, je souhaite que le congrès se tienne pour qu’on puisse donner une image qui va de plus en plus rassurer les Ivoiriens. Rappelez-vous, lors des élections de Criwa Zéli, les journalistes se sont déchirés. Il ne faudrait pas que ça se répète. L’union a été créée pour raffermir les liens entre les journalistes mais si on se bat au chevet de l’union, c’est qu’elle va à sa perte. Il faut qu’on trouve rapidement des solutions à cela et que le congrès se tienne. Il faut qu’on serve d’exemple à travers cette élection.

Vous soutenez Coulibaly Vamara comme vous l’avouez tantôt. Quels doivent être, selon vous, après son élection, ses priorités?

Premièrement, restaurer l’image écornée de l’Unjci et des journalistes ivoiriens, par le rejet ou le combat de très mauvaises pratiques. Les mauvaises pratiques, il y en a beaucoup. Le non-respect des règles de l’éthique et de la déontologie. Aujourd’hui, le Conseil national de la presse (Cnp) et l’Observatoire de la presse, de l’éthique et de la déontologie (Olped) se battent comme de beaux diables pour les faire respecter. Et il faut que l’Unjci appuie ces actions.

Justement, le socle du programme de Vamara Coulibaly repose sur la crédibilité, n’est-ce pas?

Oui, effectivement. Et justement, c’est la raison pour laquelle je le soutiens. Il faut qu’on change. Il faut qu’il y ait une communication publique autour du fait qu’on a changé. Et les autres se feront la police de ce changement.

En tant que fondateur de l’Unjci, vous avez certainement un message à lancer à l’endroit des congressistes et particulièrement des candidats, pour une élection apaisée?

Le congrès est venu pour aider les journalistes à réfléchir sur leur métier. À adopter un nouveau paradigme de leur profession. Que les journalistes viennent en ayant en idée le changement et porter leur choix sur un candidat qui est audacieux et qui peut incarner ce changement. Et je souhaite de tous mes vœux que ce choix soit Vamara Coulibaly. Pourqu’il mette en pratique ce que tous les journalistes souhaitent. Je souhaite que les journalistes fassent comme les autres. Par exemple, comme les architectes et les avocats… Dans ces corporations, quand on ne respecte pas les règles, on est radié, purement et simplement.

Philip KLA

Source : L’Inter N°5139 du Vendredi 31 Juillet 2015