S’il est une équation qui ne garantit pas forcément un sommeil tranquille au chef de l’Etat Alassane Ouattara, c’est bien celle de la guéguerre entre Guillaume Soro et Hamed Bakayoko. En plus de ses opposants bien connus, qui se préparent à en découdre avec lui, ce qui est tout à fait normal, Ouattara devra faire face à cette autre bataille de succession qui pointe à l’horizon entre ces deux pions essentiels du sérail, Soro et Hambak. Chacun a à son actif de hauts faits d’armes réalisés pendant la bataille de prise du pouvoir en 2011, et en attend bien une récompense à la hauteur des sacrifices consentis. Chef de l’ex-rébellion, on se souvient que Soro avait conduit ”la révolution orange”, du nom de l’opération militaire lancée depuis le nord et destinée à chasser Laurent Gbagbo du pouvoir. Il a accompli la mission avec l’aide des forces étrangères et compte bien capitaliser cet acquis. Certainement plus discret, Hamed Bakayoko, très adulé de la jeunesse du Rassemblement des Républicains (Rdr), avait lui aussi entretenu des mouvements de jeunes pour faire front à ceux qui étaient en face, les jeunes patriotes pro-Gbagbo. Lui aussi veut monter les marches. De façon plus simple, ces deux jeunes loups aux dents très pointues sont en train de fourbir leurs armes pour la bataille de succession. Et elle aura bel et bien lieu. Cachant mal l’inimitié qu’ils se vouent mutuellement, certains faits et des informations récurrentes trahissent cependant cette guerre larvée. Leur guéguerre devenait d’autant plus embarrassante que le chef de l’Etat a lui même reconnu être intervenu pour calmer ses deux poulains. «La presse ivoirienne comme la presse en général a parfois beaucoup d’imagination. En l’occurence, je les connais bien tous les deux, et s’il y a eu des incompréhensions, elles ont été réglées», a déclaré le président Ouattara dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Jeune Afrique. Signe que Guillaume Soro et Hamed Bakayoko ne se portent pas vraiment en estime. Une réconciliation sous l’égide du roi de l’Indénié Djuablin avait été scellée entre les deux hommes. Mais pour combien de temps ? Le calme avant la tempête, pourrait-on dire. Car selon des observateurs avertis de la scène politique ivoirienne, la guerre Soro-Bakayoko aura lieu, et Ouattara devra trancher. Envers et contre qui ? Là se trouve toute la question. Pour l’heure, chacun des protagonistes multiplie les opérations de charme, peaufine ses stratégies, place ses hommes en attendant le coup de gong pour le début du combat. De son côté, en plus de Banny, KKB, Affi, Koulibaly et autres à qui Ouattara doit faire face, l’un de ses gros problèmes reste donc la question de son dauphin constitutionnel et de son puissant ministre de la sécurité et de l’intérieur. Il faudra bien qu’il règle sa succession avant que ces deux prétendants ne se jettent dans l’arène pour la bataille.
H. ZIAO
Source : L’Inter N°5117 du Jeudi 02 Juillet 2015