« Si l’on n’y prend garde, la répétition de ces pluies exceptionnelles conduira un jour à rayer les plateaux d’Attécoubé de la carte. Il faut aussi craindre l’effondrement du Sanctuaire marial (ndlr, Attécoubé) très fréquenté par les fidèles catholiques mais aussi par des touristes », prévient Srohorou Bernard, ingénieur des travaux publics, chef du département Etude, développement et environnement à la Société d’exploitation et de développement aéroportuaire, aéronautique et météorologique (Sodexam), dans un document qu’il nous a remis, hier mercredi 1er juillet 2015. Cet expert bâtit son raisonnement autour de la quantité de pluie qui tombe, depuis quelques années, et qui va croissant, avec le dérèglement climatique, pour poser un problème de cohésion du sol qui devient faible. Ce qui occasionne des glissements de terrain. « Il y a beaucoup de pentes raides à Attécoubé. A Port-Bouët, par exemple, on ne parlerait pas de cela parce que le terrain est plat », relève Srohorou Bernard qui souligne que, du 1er juin 2015, jusqu’à hier mercredi, il est tombé 728 mm de pluie, avec une dizaine de morts contre 313.1 mm qui avaient fait 30 morts en 1996. « La plus forte hauteur jamais enregistrée à Abidjan depuis 1936 est celle de 1961 avec une hauteur de 812.3 mm, en 19 jours de pluies », ajoute-t-il. « Déguerpir les habitants de ces zones à risque est une solution que nous saluons (…) Pour une solution durable et financièrement supportable, il faut réaliser une étude de gestion globale et intégrée de la situation pour circonscrire le problème. Des équipes de géotechniciens, d’hydrologues, de climatologues, d’urbanistes, de géographes, d’universitaires et de chercheurs, peuvent être mises en place (…). Sans préjuger des résultats de cette étude, on peut penser, à certains endroits, à la réalisation des murs de soutènement pour contenir les glissements de terrain comme à l’indénié, entre la cathédrale St Paul du Plateau et la caserne des sapeurs pompiers militaires. On peut sécuriser ces zones et les rendre attrayantes pour le tourisme et pour les populations », propose-t-il, non sans prendre appui sur l’ « analyse du risque pluvial dans les quartiers précaires d’Abidjan. Etude de cas à Attécoubé » de 2008 de Hauhouot Célestin. Pour terminer, Srohorou Bernard a révélé que la grande saison des pluies, cette année, tire à sa fin.
Dominique FADEGNON
Source : Soirinfo 6223 du jeudi 2 juillet 2015