En mettant ce creuset en place, les différents leaders ont, semble-t-il compris le message des Ivoiriens qui consiste à se mettre ensemble, dans un souci d’union et de rassemblement, pour mettre fin à cette dictature féroce qu’ils subissent. Laquelle dictature perpétue leurs souffrances et inhibe tous les efforts qu’ils déploient pour émerger.
Mais son contour reste encore flou dans l’entendement de nos concitoyens. Or ce nouvel espace suscite de réels espoirs. Pour contribuer à lever des doutes, sensibiliser les bases et rassurer tout le peuple pour le mobiliser, il convient d’expliquer, dans un élan pédagogique approprié les enjeux pour donner du sens à cette coalition. Il est vrai que la CNC a sa charte. Mais ce contrat d’accord ne donne pas une réelle lisibilité aux populations sur la stature, la vision démocratique et les capacités réelles des acteurs à régler les problèmes et de réaliser la réconciliation nationale. Il me semble qu’il faut poser des jalons dans le souci d’un minimum de transparence. En effet, avec des préjugés “condensés” ou accumulés dans notre subconscient, à tort ou à raison ; avec les dégâts produits par le concept de l’ivoirité et celui du rattrapage ethnique ; et dans un contexte où certaines élites entretiennent encore subrepticement des théories identitaires quand d’autres pensent que le président de la République ne doit provenir que de leur groupe ethnique, il est du devoir de ceux qui savent analyser les vécus mieux que la moyenne des populations, de travailler à rassurer nos compatriotes, à dissiper les peurs pour préparer les rudiments de la réconciliation nationale dont le peuple a besoin. Depuis des années, il y a des sujets qui se présentent comme tabou mais qui se révèlent à terme être des racines d’un mal commun. Etant donné que la reconstruction du pays pour son émergence est l’affaire de tou(te)s ses ressortissant(e)s – qui en ont les capacités et les possibilités – les différents capitaux humains ont, dans un esprit de construction, à apporter leurs concours pour le succès de la CNC. Vu que les différents leaders proviennent des partis d’obédiences différentes, il n’est pas exclu que des désaccords d’approche surviennent sur le cours de notre avancement. En même temps, il serait très indiqué que les responsables politiques, – surtout quand ils ont occupé par le passé et/ou occupent actuellement des postes visibles -, prennent toujours le ton et choisissent le cadre qui convient pour exprimer leurs préoccupations. Il faudra donc tout faire pour rester soudés. Il faudrait être vigilant pour trouver les moyens de mettre hors d’état de nuire, tous ceux qui se saisissent du premier prétexte qui s’offrent à eux pour ruer dans les brancards. La politique étant une question de rapport de force, tous ceux qui ne jouent évidemment pas le jeu de l’unité devraient se raviser car le pays souffre aujourd’hui à cause des mesquineries antérieurement non révélées. C’est en cela que tout responsable politique qui n’accepte pas les observations de ses “administrés” ou de ses collaborateurs limite considérablement ses chances de survie politique. C’est pourquoi, au sein de la CNC, au-delà de la charte, c’est quand il sera construit un socle viable pour entraîner nos compatriotes, de sorte à travailler dans la transparence et dans un esprit de respect mutuel que nous pourrons donner à l’extérieur une image d’hommes et de femmes politiques responsables, qui auront tiré toutes les leçons des catastrophes successives. Pour une paix durable, le débat doit être ouvert et franc, bien sûr dans le cadre des instances compétentes. Le parti au pouvoir exploitera toujours, les couacs et des incompréhensions de passage. Si nous ne devons pas en rougir, ce sera naturellement bien pour la CNC que ses acteurs évitent des déclarations intempestives qui peuvent mettre à mal ce vivier commun de la majorité des Ivoiriens. Il faut donc surtout travailler à édifier les Ivoiriens pour les entraîner dans la dynamique en cours, en laquelle ils placent utilement leurs espoirs.
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