C’est fait et le test parait bon, entend-on jubiler les partisans de la CNC qui viennent de battre selon eux, tous les records de mobilisation à Ficgayo.
Ils se félicitent mutuellement et confirment qu’ils sont au bout de leurs efforts car comme ils le soutiennent, la libération de Laurent Gbagbo ne tient qu’au tumulte incontournable de la rue, autrement dit faire du bruit ou encore “allons seulement” dans le néant, alors qu’ils ne savent pas exactement ou ils vont …
Et pourtant, ils oublient de bonne foi, que la CNC ne peut pas être la locomotive de l’opposition ivoirienne en tout cas pas pour le moment, tout simplement parce qu’elle est malheureusement à la remorque du jeu politique qui a cours actuellement.
Si l’objectif de tout ce boucan de la CNC demeure les élections, je me demande comment sa cause pourrait servir aux ivoiriens puisqu’elle ne siège pas à la CEI ?
Cependant son rôle est de participer à l’ambiance pré-électorale sans voir peser ses décisions à l’intérieur du processus, alors qu’il est arithmétiquement et même politiquement prouvé que celui qui gagne la bataille des sièges à la CEI prend de l’avance sur la compétition, or si pour la CNC et ses partisans, tous les autres qui siègent à la CEI ont déjà perdu d’avance, alors quel pourrait donc être son sort, elle qui arrive maintenant et qui semble chercher ses marques?
Ce que l’on peut dire, c’est que chacun est comptable de ce qui arrive à la CNC, car tous les animateurs de cette plate forme savaient que le processus électoral était déjà en marche au moment où ils se réunissaient. Mais ils ont voulu laisser les choses se faire avant de se retrouver face au piège, auquel ils veulent opposer la spirale de mouvements politiques qui ne garantira pas forcément un climat apaisé, même si par extraordinaire cette pratique arrivait à bout de Ouattara.
On se souvient qu’à l’époque ou les débats sur la composition de la CEI avaient lieu, Mamadou Koulibaly qui était déjà sur le terrain avec Lider passait le temps à des déclarations rigides, rejetant sans réserve toute participation à la CEI, au même moment, KKB et Banny pliaient bagages du RHDP pour un autre ailleurs, les dissidents du FPI quant à eux continuaient d’empêcher à tout prix, le président Pascal Affi N’guessan d’envoyer un représentant du FPI à la CEI, alors que le président du FPI avait justifié maintes fois, l’opportunité de cette présence pour mettre à l’épreuve le système électoral de Ouattara de l’intérieur, puisque selon lui, mieux vaut être dans les instances pour participer au jeu politique que de donner l’impression que l’opposition abandonne tout aux mains de Ouattara, ce qui lui a valu au dernier moment le recours à l’AFD pour éviter l’usure des effets du temps et de la politique de Ouattara.
A mon avis, je pense que c’est le fait de ne pas avoir vu cela plus tôt, qui fait courir la CNC, qui multiplie actions sur actions, pour rattraper non seulement le temps, mais aussi le palmarès des autres partis de l’opposition les plus en vus, qu’elle considère affreusement comme ses adversaires bien que faisant tous partie désormais de la gauche ivoirienne.
Toutefois, il y’a une réalité à laquelle la CNC ne peut se dérober pour le moment, c’est sa non-participation à la CEI et l’incapacité actuelle à tailler une autre CEI sur mesure pour lui faire plaisir, même si depuis quelques heures elle a décidé de rentrer désormais dans les rangs de la compromission, sachant qu’une audience avec Hamed Bakoyoko ne peut tordre le cou à la constitution ivoirienne.
Et cela m’inquiète d’autant plus qu’aujourd’hui la CNC se sent plus obligée que l’AFD à entrer plus vite en compromission avec le pouvoir, puisque selon ses partisans, dialoguer c’est œuvrer à la réélection de Ouattara et ce n’est pas elle qui pourra empêcher cela, si elle doit en plus rester à équidistant des acteurs de l’opposition ivoirienne et se rapprocher davantage du pouvoir.
Par contre, le rêve est permit pour la CNC de rebondir dans une nouvelle configuration de la classe politique ivoirienne si ses animateurs pensent s’accrocher à une éventuelle possibilité de transition politique, que certains indicateurs ne cessent de prévoir, à l’exemple du tout bouillant Anaky Kobenan qui a déjà donné les signaux et c’est d’ailleurs à cette seule condition que la CNC pourra se construire un idéal de vie politique, mieux structuré avec des objectifs précis et claires.
Pour l’instant, elle ne doit sa survie politique qu’en s’alignant à une plate forme politique de l’opposition significative qui siège déjà à la CEI, avec qui elle discutera formellement des conditions de son appoint. Elle ne peut faire cavalier seule, tout simplement parce qu’elle joue hors-jeu, ses effets ne peuvent influencer outre mesure le processus en cours, si elle ne serre pas ses rangs, en se mettant avec ceux qui y sont déjà.
En outre, elle peut aussi décider de présenter un ou des candidats sans siéger forcement à la CEI c’est possible et c’est même son droit, mais que gagnerait-elle exactement à risquer une telle aventure, si la raison de son existence vise offensivement le départ de Ouattara et la libération du président Laurent Gbagbo…
Dans tous les cas, vers la fin elle devra faire le choix de l’AFD ou à défaut la plate forme du couple Gervais Coulibaly et Kabran Appia, si elle compte vraiment refermer le chapitre politique de Ouattara Dramane, avec l’assurance qu’elle ne poursuit pas forcement d’autres intérêts. La bataille qui vaille la peine d’être menée, c’est celle qui consiste à œuvrer dans les normes démocratiques pour ramener la paix et non celle qui entretient le spectre des foyers conflictuels et qui maintient le pays dans un cycle infernal.
C’est pourquoi je pense à mon avis pour l’instant, que la CNC surfe politiquement, car ça ne sert à rien de dire “Allons seulement”, sans savoir réellement ou on va…
Adé Cacady