UPACEB | L’Afrique, voici un continent très malade de son passé et qui néglige de prendre son mal au sérieux et de se soigner. Et comme tout malade qui s’ignore lui-même est victime de l’exploitation de guérisseurs véreux et malintentionnés échangeant sans scrupule des placebos contre grosse fortune. C’est ainsi que plusieurs « spécialistes » en matières de développement proposent des modèles de développement au prix fort à l’Afrique, sans pour autant arriver à sortir le continent noir du gouffre. Mieux, ils l’enfoncent. Même les bons médecins bien intentionnés à l’égard de l’Afrique ne connaissent que l’échec. Pour finir, tous ceux qui prétendent venir à son chevet pour la sortir d’affaire paraissent être le problème et non la solution. La raison en est simple : c’est que ces guérisseurs ne se contentent que de soigner les symptômes du drame africain, ou au mieux, que le drame lui-même. Jamais, ils ne s’attaquent aux causes du mal de l’Afrique. Est-il besoin de le rappeler : une bonne médecine est celle qui peut proposer des actions efficaces à savoir :
– la capacité à identifier les causes des maladies et des nuisances,
– la possibilité de traiter les maladies,
– la possibilité de prévenir les maladies.
1) Quelle est l’origine du drame africain ?
Le drame africain trouve essentiellement sa source dans les fléaux de la traite négrière et de l’esclavage. Sans une reconnaissance sincère, collective et publique de cet odieux commerce d’êtres humains auquel l’Afrique ancienne s’est soumise, auquel elle a collaboré via la participation de ses élites à partir du XVème siècle de notre ère, sans une confession publique de ces deux fléaux que sont le commerce triangulaire et l’esclavage, et sans une repentance collective, publique et continentale de ces deux fléaux, l’Afrique noire ne sortira jamais de ses calamités politiques, économiques, sociales, spirituelles, religieuses etc. Et les seules conditions d’un développement durable du continent noir sont la reconnaissance pleine et entière du péché de la traite négrière et de l’esclavage, de la confession, de la repentance et de la conversion définitive de la traite d’hommes et de femmes, et de l’esclavage hier et aujourd’hui. A défaut de telles conditions, tous les efforts pour le progrès de l’Afrique resteront vains.
2) En quoi la traite négrière et l’esclavage sont-ils condamnables ?
En vendant nos frères et sœurs, nos ancêtres, et par ricochet nous, avons trahi en premier les divinités locales africaines et en second, le Dieu de Jésus de Nazareth que nous avons connu par la suite. En effet, en théologie africaine, les enfants sont donnés aux parents par les génies des eaux, des brousses, des cimes, des abîmes, etc., donc par les divinités locales. Et un dogme important dans la théologie africaine est celui de la réincarnation qui veut que les enfants qui naissent sont toujours les parents disparus qui rejoignent les seins maternels pour renaître en chair à nouveau. Vendre un être humain en Afrique est donc une abomination impardonnable.
De même, en théologie chrétienne, l’enfant est un don de Dieu aux parents. Et toutes les religions en ce bas monde reconnaissent le caractère sacré et divin de l’être humain qui, d’office, est exclu de toute activité mercantile comme objet. C’est ainsi que la commercialisation d’un être humain est une abomination, punie sévèrement, non seulement désormais par la loi des humains, mais d’abord en soi par la loi de la nature — appelée aussi la Providence. Israël fut le premier à payer le prix fort de cette commercialisation d’être humain. Lorsque ses fils ont vendu Joseph à l’Égypte. Le châtiment divin ne s’est pas fait attendre. Dieu fit venir la famine et le désastre sur son pays au point que le recours à Joseph en Égypte fut la seule possibilité de salut offerte à Israël !
Un parallélisme entre cette histoire biblique et la situation calamiteuse de l’Afrique actuelle permet d’établir un lien indiscutable : de même que les fils de Jacob ont eu recours à l’Égypte pour soulager leur peine pécuniaire, ainsi les fils et filles d’Afrique (au travers d’une immigration tous azimuts, aux conséquences parfois dramatiques) se tournent vers l’Europe (où se trouvent les pays esclavagistes, acheteurs de nos ancêtres africains) pour résoudre leurs problèmes économiques. Combien de noyés en Méditerranée ou de morts dans les soutes d’avion en provenance d’Afrique pour l’Europe faut-il à l’Afrique ; pour qu’enfin, l’on prenne conscience de la malédiction qui frappe le continent noir ?
Nos ancêtres Africains, par le commerce triangulaire, ont mangé des raisins verts. En retour, leurs descendants que nous sommes avons les dents agacées. C’est çà qui est la vérité. Il faudrait le reconnaître publiquement et le confesser. L’Afrique souffre de plusieurs calamités et d’un retard économique et scientifique parmi les nations parce qu’elle a vendu ses fils et filles, dons des dieux, dons de Dieu. Nous payons le prix de ce péché à travers les âges. Une reconnaissance publique, locale, nationale, continentale et mondiale de ce péché constitue le préalable de toutes les actions de développement qui seront entreprises sur ce continent.
3) Que faut-il faire ?
D’abord, nous devons passer par la reconnaissance pleine et entière de la traite négrière et de l’esclavage comme un péché et une offense au Dieu souverain de Jésus Christ, de même qu’à nos divinités locales africaines.
Un jour de repentance nationale et internationale à la manière de la journée de la Shoah doit être décrété sur toute l’étendue du territoire africain. Ce jour devra être décrété chômé et payé. Tout Africain, toute Africaine, où qu’ils se trouvent devraient regagner leur pays natal pour participer à cette cérémonie de repentance générale. À défaut de se déplacer, l’on devrait observer le rite depuis son lieu de résidence. Les peuples africains de chaque pays devraient se couvrir de haillons et de cendres à la manière de Ninive pour implorer le pardon du Dieu de Jésus Christ. Ce jour devrait être, pour tous les chrétiens d’Afrique, un jour de jeûne collectif et de prière. Dans les hameaux et villages, des cérémonies de libations devraient être faites pour conjurer le mauvais sort auprès des dieux locaux que ce commerce triangulaire a irrité et offensé, afin de purifier le continent noir tout entier des conséquences de ces pratiques inhumaines et honteuses que furent la traite et l’esclavage. Chaque croyant à son niveau et selon le dieu qu’il confesse devrait prier pour le pardon des péchés de l’Afrique à travers la traite et l’esclavage. Le dimanche qui suit, un grand culte serait célébré en plein air dans les grands stades des différentes villes africaines. Dans chaque temple et chapelle des villages et hameaux, on prierait pour obtenir l’assurance du pardon de Dieu. Ces deux journées de repentance et prière devraient être sues jusqu’au bout de la terre. Des médias d’États et l’Internet devraient propager dans les quatre coins du monde que l’Afrique a décidé de s’humilier publiquement pour extirper de son sol la malédiction qu’elle traîne derrière elle depuis des temps immémoriaux à cause du péché de la traite et l’esclavage.
Et tant que durera le monde, un dimanche par an, devrait être mis de côté pour prier en vue du pardon de la traite et de l’esclavage. Comme les Juifs le font pour la Shoah. Une date devrait être retenue de façon immuable en ce qui concerne la traite négrière et l’esclavage. Pour se souvenir. Pour prier, chacun selon sa religion et selon sa croyance.
4) Une réparation de ses deux fléaux s’impose pour guérir l’Afrique
Après la reconnaissance publique du péché de la traite l’esclavage et la repentance nationale, continentale et internationale, l’Afrique devrait ensuite demander réparation ne serait-ce qu’à un franc symbolique aux États esclavagistes reconnus comme tels. Cette dernière étape relève de la psychothérapie. Car, c’est d’une thérapie collective que l’Afrique noire a besoin pour combattre efficacement son sous-développement. Ici, il est question de la restauration narcissique et même du renforcement narcissique de l’Africain qui, inconsciemment, se prend pour un objet, corvéable à merci, devant l’homme blanc, depuis que ce dernier l’a acheté sur les comptoirs négriers. Par la réparation au franc symbolique, l’Africain se sentira revalorisé et sera restauré narcissiquement. En effet, en se faisant dédommager de la traite et de l’esclavage, l’Africain passera désormais de l’état d’objet, à l’état de sujet.
Tant que l’Africain n’est pas narcissiquement revalorisé, ni narcissiquement renforcé, c’est-à-dire, tant qu’il ne sera pas dédommagé symboliquement ou réellement de la traite et de l’esclavage, il nourrira toujours un complexe d’infériorité devant l’homme blanc. Voilà pourquoi ce dédommagement, si symbolique soit-il, représente à lui seul un véritable enjeu. En ceci qu’il sortirait l’Africain de ses complexes face à l’Européen.
Cette réparation symbolique ne serait pas sans répercutions à double sens. En effet, par elle, l’Africain vaincrait le complexe d’infériorité face à l’homme blanc. Mais inversement, l’homme blanc lui aussi vaincrait le complexe de supériorité face à l’homme noir. En clair, tout le monde serait libéré des chaînes de l’esclavage (descendants des esclavagistes et descendants des esclaves y compris).
C’est à ce niveau que le combat pour la libération économique de l’Afrique devra être engagé.
Je reste persuadée que le progrès et le développement de l’Afrique passent par la reconnaissance et la repentance du péché de la traite et de l’esclavage. À mon sens, en dehors de cela, rien ne sera possible. Et toute action de développement que nous entreprendrons, connaîtra un échec. Il ne peut en être autrement. Chaque année, nos frères juifs commémorent l’événement de la Shoah par une journée de prière. Le peuple juif s’est fortifié suite à cela. L’Afrique doit en faire autant. Il faut impérativement que l’Afrique se dédouane devant les nations du poids de la traite et de l’esclavage par une repentance sincère et officielle. Au plan spirituel, l’Afrique doit s’humilier devant les dieux locaux, et devant le Dieu de Jésus-Christ que nos ancêtres ont offensé à travers le commerce triangulaire et l’esclavage. C’est par là que passe sa libération devant les autres nations qui l’ont asservie. Et c’est par là que passent son développement et son progrès.
Nous devons regarder notre histoire en face.
L’UPACEB sera l’instrument qui aidera à ce travail de deuil, de guérison, de réconciliation et de construction.