C’est un grand coup politico-culturel sans précédent dans l’histoire de la librairie de France à Abidjan. Laurent Gbagbo et François Mattei peuvent se frotter les mains. L’ouvrage qu’ils ont co-écrit, « Pour la vérité et la justice » (voir ici), tient le haut du pavé, c’est-à-dire qu’il occupe le premier rang des ventes en librairie en Côte d’Ivoire. Ce livre a en effet, pulvérisé tous les records de vente. Selon la « Lettre du continent (L.C.)» qui rapporte l’information dans son édition du 17 juin 2015, le livre du détenu de Scheveningen (Cpi) s’est vendu comme de petits pains, atteignant la barre des 15.000 exemplaires vendus. « Pour la vérité et la justice », paru en juillet 2014 aux Editions du moment, représente la meilleure vente en Côte d’Ivoire, tous genres confondus », apprend la « Lettre du continent ». Selon LC, ce livre devrait recevoir prochainement le Prix de la Librairie de France, qui couronne chaque année à Abidjan, la meilleure performance commerciale dans le domaine de l’édition. Cette performance devrait rapporter à Laurent Gbagbo et François Mattei, le journaliste français, au bas mot, la bagatelle de 217 millions 500.000 Fcfa. Il faut dire que ce livre se voulait le fruit d’une très longue conversation de deux hommes qui se connaissent depuis plus d’une décennie. L’ouvrage en question, de 320 pages, raconte, « en adoptant le point de vue de Laurent Gbagbo », ses années de pouvoir, l’élection de 2010 et la crise postélectorale, sa capture et son transfert à La Haye. Dans ce livre, l’ancien chef de l’Etat ivoirien, sans gant, a directement accusé la France officielle incarnée par Nicolas Sarkozy et l’actuel chef de l’Etat Alassane Ouattara. Laurent Gbagbo explique, à travers cet ouvrage, comment il a été capturé dans son bunker de la résidence présidentielle le 11 avril 2011. Le « Woody de Mama » affirme, par ailleurs, que « cinquante blindés français ont pris la direction de sa résidence et l’ont encerclée ». Il a soutenu, en outre, que des hélicoptères français ont mis le feu au bâtiment à l’aide de munitions incendiaires. « Des militaires français sont venus devant le portail, un de leurs chars l’a défoncé à coups de canon. Il y a eu ensuite coups de feu, des rafales, et dans la fumée, j’ai entendu : ” On veut Gbagbo ! On veut Gbagbo ! ” (…) Je me suis levé : ” C’est moi Gbagbo. ” Ils m’ont saisi. ». Pathétique ! « Pour la vérité et la justice » sera prochainement traduit en anglais. La maison américaine Next Africa Inc. devrait le publier sous le titre ”Truth and Justice”.
Armand B. DEPEYLA
Source : Soir Info 6212 du vendredi 19 juin 2015