A cinq mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, la structure chargée d’organiser ce scrutin n’a toujours pas bouclé son budget. Et s’en inquiète…
Le président de la Commission électorale indépendante (CEI), chargée de préparer la présidentielle d’octobre, cauchemarde. Cible privilégiée de l’opposition qui exige son départ, Youssouf Bakayoko est également confronté à une trésorerie à l’étiage. A quatre mois de cette échéance électorale, les fonds obtenus jusqu’à présent ne permettent pas la tenue d’un scrutin dans des conditions optimales, notamment de transparence.
Le FMI aux aguets. Le gouvernement a prévu d’injecter 30 milliards F CFA dans ce processus, mais se refuse à toutes dépenses supplémentaires pour éviter des critiques du Fonds monétaire international (FMI), avec lequel il dispose d’un programme financier. Or la CEI a établi à plus de 60 milliards F CFA les fonds nécessaires. A elle seule, la révision des listes électorales, contrat tombé dans l’escarcelle de la société française Safran-Morpho, devrait coûter plus de 21 milliards F CFA. D’où l’empressement de la CEI à approcher les bailleurs de fonds pour faire la soudure. A l’heure actuelle, Washington n’a versé que 80 000 $ via l’United States Agency for International Development (USAID). Cette enveloppe doit servir à la numérisation des archives. Pour sa part, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) n’a déboursé que 5,3 milliards F CFA sur plus de 11 milliards promis.
Réticence. Cette faible mobilisation s’explique principalement par les critiques formulées par ces mêmes bailleurs quant au contrôle de l’utilisation des fonds alloués. Les partenaires de la Côte d’Ivoire craignent, comme lors du scrutin chaotique de 2010, de possibles surfacturations, voire des détournements. Plusieurs institutions internationales préfèrent d’ailleurs payer directement les prestataires que de faire transiter leurs aides budgétaires par la CEI. D’autres bailleurs, peu enclins à mettre la main à la poche, ont insisté auprès de Youssouf Bakayoko sur le caractère raisonnable des 30 milliards FCFA dont dispose sa structure. Toutefois, dans l’hypothèse où les tensions de trésorerie persisteraient à l’approche du scrutin, la ministre de l’économie Kaba Nialé et son collègue du budget Abdourahman Cissé, tous deux ministres délégués auprès du premier ministre Daniel Kablan Duncan, ont d’ores et déjà été discrètement chargés de mobiliser les régies financières du pays (Trésor, impôts, douane…) afin d’obtenir les fonds additionnels. Au risque de provoquer l’ire du FMI…
Source : La Lettre du Continent, 17 juin 2015