Mariam-Sankara

Mariam, la veuve de l’ex-président burkinabè Thomas Sankara, poursuit sa quête de vérité, du Burkina Faso à la France où elle a demandé mardi aux députés français d’ouvrir une enquête parlementaire. «Je n’ai pas abandonné, je n’abandonnerai pas, jusqu’à ce que vérité soit faite», confie Mariam Sankara, dans un rare entretien accordé, le 16 juillet, à l’Agence France presse (AFP). Elle vit en exil à Montpellier, dans le sud de la France, où elle s’est installée en 1990 avec ses deux enfants. Mais elle était à Paris mardi pour demander aux députés français d’ouvrir une enquête parlementaire sur les circonstances de la mort de son époux. Si on arrivait à ouvrir les archives, on pourrait situer les responsabilités. Mariam Sankara souhaite que Paris contribue à éclaircir le mystère. «La France a été souvent citée dans les complicités, en ce qui concerne l’assassinat. Si on arrivait à ouvrir les archives, on pourrait situer les responsabilités», estime-t-elle. «Il y va de l’intérêt de la France, du Burkina et de toute l’Afrique que cette vérité se sache».

«J’AI ÉCRIT À HOLLANDE, PAS DE RÉPONSE»

Les autorités françaises n’ont jusqu’ici jamais donné suite à ses requêtes. «Cela fait 18 ans que la plainte est déposée. J’ai écrit au président Chirac (1995- 2007), j’ai reçu une réponse comme quoi ce genre de chose ne se produirait plus. J’ai écrit au président Sarkozy (2007- 2012) qui a répondu aussi qu’ils vont veiller à ce que ce genre de situation ne se reproduise plus au Burkina», explique-t-elle. «J’ai écrit à Hollande quand il est devenu président mais je n’ai pas reçu de réponse…», ajoute-t-elle. Elle espère que les députés français accepteront sa demande d’enquête parlementaire. Mais cela suppose un consensus politique et «je pense que cela peut être difficile», reconnaît-elle. Deux requêtes similaires, émanant de députés burkinabè, étaient restées lettre morte en 2011 et 2012.

«JE VAIS REVENIR AU BURKINA»

Fêtée à son retour au pays en mai, Mariam Sankara cultive la discrétion et fuit les journalistes. «Je ne me donne pas un rôle politique. Les sankaristes ont un candidat que nous soutenons qui est Bénéwendé Sankara [sans lien de parenté]», souligne-t-elle. Mais elle s’est inscrite sur les listes électorales et pourrait s’impliquer aux côtés de son candidat dans la campagne électorale au Burkina Faso, à l’approche des scrutins présidentiel et législatif d’octobre. «Je m’installerai un jour au Burkina», ajoute Mariam Sankara. «J’ai ma mère, j’ai des frères. Je vais revenir». Ses deux enfants, adultes et établis aux États-Unis, viendront peut-être aussi. «Ils sont Burkinabè, nous sommes toujours restés Burkinabè», assure-t-elle. Depuis la chute de Blaise Compaoré, la justice burkinabè a ouvert une enquête en mars et elle a convoqué Mariam Sankara pour l’auditionner en mai. «J’ai été entendue. J’ai eu l’impression que le juge voulait vraiment aller au bout de cette enquête, je ne peux qu’espérer que cela se passe bien», dit-elle. À la demande du juge d’instruction, les restes de Thomas Sankara et des douze autres victimes sont exhumés fin mai. «Le but, c’est d’identifier les corps mais aussi de déterminer les circonstances des décès puisque nous avions reçu des certificats disant qu’il s’agissait de morts naturelles».

Source : Afp