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Dès son élection à la magistrature suprême de la Côte d’ivoire, Alassane Ouattara a fait des visites d’État dans les différentes régions une option pour le développement harmonieux du pays. Le chef de l’État use de ces visites qu’il a entamées depuis les premières années de son mandat pour engager des réalisations d’envergures à travers le programme présidentiel d’urgence (Ppu) directement géré par le Palais d’Abidjan. Les régions visitées – comme à l’époque des fêtes tournantes de l’indépendance sous feu le président Félix Houphouët-Boigny – passent pour être des privilégiées, eu égard aux grands travaux d’infrastructures et d’aménagement, dont elles ont bénéficié, mais aussi aux divers dons qui font le bonheur des populations, et même des responsables locaux de l’administration. A chacune de ces visites, la Première dame, Dominique Ouattara, également, fait montre d’une magnanimité particulière à l’endroit des femmes, qui n’en redemandent pas mieux pour améliorer un tant soit peu leur quotidien. Ces gestes de générosité et les grandes réalisations sur le passage du chef de l’État ont commencé à susciter la convoitise de toutes les régions, qui n’attendent que leur tour. Ils ne demandent tous que çà. Les cadres des autres régions non encore visitées, attendent d’avoir leur part de réfections de voiries, d’électrification, d’adduction en eau potable, de ponts et bitumes, ou même de promesses de la part du président de la République. Ce sont encore 11 régions qui espèrent accueillir à leur tour le président de la République avant la fin de son mandat. Il s’agit notamment de l’indénié-Djuablin, du Sud-Comoé, du Gôh, du Loh Djiboua, du Haut Sassandra, du Hambol, du Worodougou, du Bafing, du Moronou, du N’Zi et de la Marahoué. En 4 ans d’exercice, en effet, Alassane Ouattara a visité presqu’une vingtaine de régions sur la trentaine que compte la Côte d’ivoire. Dans l’Agnéby, où il était, il y a un mois, le 6 mai dernier, il s’est promis de boucler ces visites dans les autres parties du pays avant la fin du mois de septembre. Cette promesse faite suscite déjà le bouillonnement au niveau des cadres des différentes régions concernées. Chacun se battant pour ”arracher” la date de sa visite au Palais de la présidence. A 5 mois, sinon 4, des prochaines échéances présidentielles, le chef de l’État est très coincé pour la dizaine de régions qui restent encore à visiter. D’abord, il y a le calendrier qui semble assez court pour programmer toutes ces régions. Puis les attentes des populations à l’occasion de ces visites, sont nombreuses. Tout le monde veut recevoir le président chez lui, mais surtout voir s’ouvrir des chantiers dans sa région en prélude au passage du chef de l’État. Tous réclament routes, électricité et eau. Ce qui nécessite de gros moyens à un moment où la priorité est au financement du processus électoral déjà entamé. Le Palais d’Abidjan peut-il entreprendre encore des grands travaux dans ces régions à visiter ? C’est la grande interrogation, qui trouve sa réponse dans les dernières visites effectuées par le chef de l’État, notamment dans l’Agnéby-Tiassa et la Mé, où le président de la République ne s’est contenté que de promesses. Ce qui ne semble pas plaire à tous. A l’image de certains cadres de l’Ouest pour qui une visite sans travaux préalables comme ceux dont ont bénéficié les premières localités, compliquerait la campagne pour l’actuel tenant de l’exécutif. Au fur et à mesure que l’on approche d’octobre 2015 (échéance prévue pour tenir l’élection présidentielle), la pression monte dans les couloirs du Palais du Plateau. Le délai devient de plus en plus court, et les incertitudes s’installent de plus en plus quant à la probabilité de parcourir les régions restantes du pays. Ne pas le faire pourrait exacerber les frustrations. Les expédier sans combler quelques attentes des populations, comportent des risques pour le candidat du Rhdp. Une situation fort embarrassante, qui n’est pas faite pour aider le président sortant, candidat déclaré à sa propre succession, qui va devoir doubler d’ingéniosité pour convaincre les populations qui se sentiraient lésées ou oubliées.

Félix D.BONY

L’inter N°5097 du Mardi 09 Juin 2015