Dans une contribution dont copie nous est parvenue hier, le candidat Kouadio Konan Bertin tente de relever ce qui s’apparente, à ses yeux, comme une contradiction du pouvoir en place. Lire ci-dessous l’intégralité de sa déclaration.
On nous annonce tous les jours dans les journaux qu’au 1er trimestre de cette année, les recettes douanières et fiscales ont été supérieures aux prévisions. Et pourtant les collaborateurs de l’État ne sont pas payés. Certains sont menacés d’expulsion, car ils ont 4 à 5 mois de loyers de retard. En effet, cela fait bientôt 6 mois que les conventions Bnetd ne sont pas payées, et pourtant M. Ouattara continue de faire ses visites d’État à coût de milliards sans se soucier du sort de ses collaborateurs, ni de leurs familles. Où va donc l’argent des contribuables? A chaque déplacement, il fait des promesses qui, naturellement, n’engagent que ceux qui les reçoivent. Je prends par exemple sa dernière visite à Jacqueville, lors de l’inauguration du pont Philippe YACE, le 21 mars dernier. Il a promis d’engager des chantiers (rechargement de piste, électrification, installation de château d’eau, construction de foyers de jeunes etc..) dès le 1er avril sur son fameux Ppu, mais jusqu’à ce jour, rien n’a été fait. A croire que c’était un poisson d’avril. Les ouvrages en cours, les petits chantiers de voiries dans les quartiers d’Abidjan sont à l’arrêt faute de financement. Où sont passés les milliards? Les enseignants du secondaire ont vu leur salaire coupé. Certains à plus de 70 % pour cause de grève. On leur promet de les rétablir au mois de juillet, soit 3 mois après et pendant la période des vacances scolaires, où les grèves n’auront aucun effet si l’État ne respectait pas ses engagements. La cerise sur le gâteau est qu’il décide de sacrifier le rêve de millions d’artisans et entrepreneurs ivoiriens en décidant de stopper net toutes les avancées réalisées par le détachement de leur ministère. Vous savez très bien, vous et moi, qu’il faut 6 mois à un an à un nouveau ministre pour s’imprégner de tous les dossiers afin de trouver des solutions idoines aux problèmes posés. Or nous sommes en période électorale et donc impossible qu’un nouveau venu, qui plus est, engagé dans la campagne électorale, se soucie d’autre chose que de faire plaisir à son mentor dans des propagandes obscures.
LE SEUL SOUCI DE OUATTARA, C’EST SA RÉÉLECTION ET NON LE BIEN-ÊTRE DES IVOIRIENS.
Alors qu’il avait annoncé en début d’année ne pas faire de remaniement avant les élections présidentielles d’octobre parce que ses ministres travaillaient bien, qu’est-ce qui selon vous justifie le remaniement du mercredi 15 mai? On peut lire dans certains journaux d’informations confidentielles, que «Bakayoko purge le gouvernement du dernier ministre pro-Soro». Alain Lobognon aurait fait les frais de la guerre larvée que se livrent Hamed Bakayoko et Guillaume Soro dans l’optique de la présidentielle 2020. Ce n’est donc pas à cause des primes impayées des Éléphants, puisque le pauvre régisseur du Ministère des Sports avait déjà été limogé lors d’un conseil des ministres. Ainsi pour endormir certains du Pdci à qui on fait miroiter une alternance du pouvoir en 2020, on nomme un d’entre eux au poste de ministre des Sports. Encore un marché de dupe, qui n’engage que ceux qui y croient. Mais la question qu’on peut se poser est: Pourquoi seulement les Sports et Loisirs? Amichia serait-il incapable de gérer la Jeunesse? Naturellement non. Mais, Ouattara préfère se nommer lui-même ministre de la Jeunesse et de l’insertion des jeunes pour mieux contrôler toute la manne que l’État mettrait à la disposition du futur Fonds d’insertion des Jeunes. Nous sommes en période électorale. Qui est fou? Je ne serai donc pas surpris que dans un futur proche, il fasse fondre en un, tous les fonds d’aide à la jeunesse (Fonds national de la jeunesse, Fonds d’appui à la promotion de l’artisanat, etc).
Nous sommes donc dans ce qu’on peut aisément appeler une ”Dictature institutionnelle”. Un pays où il ne doit y avoir aucune contradiction. On œuvre à la division des partis politiques, on tend la carotte et on allonge le fouet par la suite. A peine il annonce le soi-disant déblocage des salaires qu’il augmente le coût de l’électricité. La Côte d’Ivoire a des problèmes sérieux et il faut des hommes sérieux pour les résoudre. Les Ivoiriens ont des problèmes sérieux et il faut des hommes sérieux pour leur trouver des solutions. Le Rhdp n’a ni la cohérence, ni la confiance interne suffisante pour mobiliser les Ivoiriens. Il nous faut un rassemblement qui va au-delà du Rhdp. Il nous faut rassembler tous les Ivoiriens pour un vrai projet de ré- conciliation, de concorde nationale et de bonheur dans un progrès partagé.
Kouadio Konan Bertin, Député à l’Assemblée Nationale
Membre du Bureau Politique du Pdci-Rda
Candidat déclaré à la présidentielle d’octobre 2015
NB: Les titres et le chapeau sont de la Rédaction
Source : L’Inter N°5093 du Jeudi 04 Juin 2015