Joseph Sepp Blatter, président de la Fédé- ration internationale de football (Fifa) depuis 1998, a été reconduit à la tête du football mondial pour un cinquième mandat de 4 ans. Vendredi 29 mai 2015 au Hallenstadion de Zurich (Suisse), au terme du 65è congrès de cette institution, les associations nationales ont préféré la continuité avec le Suisse de 79 ans. Son challenger, le prince Ali de Jordanie (39 ans), a pendant longtemps fait illusion. Il a contraint le vieux briscard à un deuxième tour, avant d’y renoncer. Alors que 170 voix étaient nécessaires pour qu’il soit élu au premier tour, Blatter n’a obtenu que 133 voix sur les 209. Mais son adversaire n’ira pas jusqu’au bout. Il a préféré jeter l’éponge en annonçant son retrait de la course, laissant au président sortant l’occasion d’être réélu. Démarré dans le tumulte avec l’arrestation spectaculaire de 9 de ses membres, tous dirigeants de la Concacaf, mercredi dernier, le congrès de la Fifa n’a toutefois pas connu de heurt. Alors que les grandes puissances occidentales, dont les Etats-Unis qui ont organisé la traque aux 9 membres du Comité exécutif, la France et la Grande Bretagne dénonçaient ouvertement ou à mots couverts ”une institution corrompue”, les présidents des fédérations nationales ont, dans leur grande majorité, su faire la part des choses. Beaucoup de responsables de ces fédérations savent que sous Blatter, la Fifa a fait un gigantesque bond en avant et que la guerre faite à la corruption n’est qu’un prétexte pour fragiliser un organisme qui échappe au contrôle de ces grandes puissances. Les attaques et autres accusations à propos de l’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 entrent dans ce cadre. D’ailleurs, le président de la Fifa l’a fait savoir: «Si le 2 décembre 2010, deux autres pays avaient été désignés organisateurs des Coupes du monde 2018 (Russie) et 2022 (Qatar), je pense qu’on n’en serait pas là aujourd’hui». L’allusion à l’Angleterre, candidate à l’édition 2018 et les Etats unis, qui avaient espéré organiser celle de 2022, est évidente. Dans la posture de mauvais perdants, ces deux pays se sont mis à la tête de la coalition anti-Blatter. Le faisant, ils ont réussi le tour de force de renforcer le soutien des ”petites nations” autour du Suisse. Alors que la police suisse, actionnée par son homologue américaine, le Fbi, arrêtait ce mercredi 27 mai les responsables de la Fifa accusés de racket, fraude et blanchiment d’argent, la Confédération africaine de football (Caf), sous la houlette de son président, le Camerounais Issa Hayatou, apportait son soutien au candidat Blatter au terme d’une réunion d’urgence. Ses détracteurs n’ont certes pas désarmé, mais Blatter, à travers cette réélection, vient une fois de plus de démontrer, avec cette très grande habileté qu’il a de toujours retomber sur ses pattes, qu’il reste, et pour 4 ans encore, le grand patron du football mondial.
Litié BOAGNON
Source: L’Inter N°5089 du Samedi 30 au 31 Mai 2015