(Dr Gary K. Busch, Ocnus 14/1/13) – Le concept de la France- Afrique, le système de contrôle colonial et néocolonial français et la domination de ses colonies en Afrique est beaucoup plus qu’une série de traités ou pactes Coloniaux avec les pays africains. Il représente l’interaction institutionnalisée directe de grands intérêts commerciaux français avec les dirigeants politiques africains, principalement grâce à la similitude des mouvements maçonniques français, et les actions de l’exécutif de la cellule France-Afrique de la présidence française. Sa force réside dans le contrôle économique des économies africaines à travers les zones franc CFA et le stationnement des troupes françaises en bases stratégiques à travers l’Afrique avec l’impunité attachée à la carte blanche de l’intervention française créée par les traités de défense mutuelle entre la France et ses États clients.
Pratiquement tous les dirigeants africains francophones en sont participants, en collaboration avec le cadre d’élites d’hommes d’affaires et politiques français qui sont l’épine dorsale des loges maçonniques françaises. Les francs-Maçons africains sont affiliés à des mêmes loges que l’entreprise française et des groupes politiques. Il est impossible de comprendre comment la France-Afrique fonctionne sans référence aux francs-maçons. Les Francs-maçons français représentent l’élite des affaires et la politique française, la plupart d’entre eux a été formé dans les mêmes écoles et poursuit une carrière dans l’administration du gouvernement français ou de l’administration des entreprises françaises.
Les loges franc-maçonnes maintiennent une formidable influence secrète au sein des structures judiciaires françaises et de la police. Les trois loges franc-maçonnes en France ont acquis une réputation ces dernières années pour être pris au dépourvu du trafic d’influence politique et la poursuite de fausses factures sur les contrats de l’État, en particulier dans les entreprises contrôlées par l’État. Les francs-maçons dans le système judiciaire entravent les enquêtes par des mesures bureaucratiques visant à torpiller toute tentative sérieuse de réforme. Un des plus grands griefs soulevés par la presse muselée est la Grande Loge Nationale Française (GLNF) qui à bras ouverts étreint brutale les dictateurs africains corrompus qui sont francs-maçons. Les deux autres Grandes Loges ne sont pas différentes.
Tout comme en France, la franc-maçonnerie est omniprésente au sommet dans de nombreux Etats africains. Le président congolais Denis Sassou Nguesso, est Grand Maître de la Grande Loge du Congo- Brazzaville liée à la Grande Loge Nationale de France, le président Mamadou Tandja du Niger; le président tchadien Idriss Deby et François Bozizé de la République centrafricaine sont parmi ; au moins douze présidents africains sont liés à la franc-maçonnerie. En Novembre 2009, Ali Bongo, le nouveau président gabonais fut consacré comme le grand maître de la Grande Loge du Gabon (GLB) et le Grand Rite Equatorial, les deux ordres maçonniques prédominants au Gabon.
Au Congo-Brazzaville, à la fois l’actuel président, Denis Sassou Nguesso, et l’ancien président Pascal Lissouba, sont francs-maçons, bien qu’ils appartiennent à différents chapitres de l’ordre. Mr. Lissouba est un initié du Grand Orient de France, tandis que Mr. Sassou Nguesso appartient à une loge sénégalaise affiliée à la Grande Loge Nationale Française. La plupart de ces présidents africains ne sont pas exclusivement francophones: Paul Biya, président du Cameroun, Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, Robert Gueï, ancien chef de la Côte d’Ivoire; John Kuffuor , ancien président du Ghana, pour n’en citer que quelques-uns. Il existe des dizaines d’autres au niveau des Cabinets et parmi ceux qui constituent le personnel des organisations régionales africaines et les banques.
Les francs-maçons ont toujours fourni les dirigeants et le personnel du colonialisme français. Le Grand Orient a établi sa première loge à Saint-Louis du Sénégal en 1781 et, en conséquence, les noms d’un certain nombre de francs-maçons éminents se trouvent dans l’histoire des dirigeants coloniaux français. Le grand bâtisseur de l’empire français, Jules Ferry, était franc-maçon. Leur entreprise avec leurs frères des loges africaines se fait en parallèle avec la politique officielle française à l’égard de ses anciennes colonies. Comme dans l’autre aspect des relations franco-africaines, leur travail est largement fait dans le secret, à l’abri des regards du public.
Le rôle de l’exécutif français est encore plus clandestin dans la France-Afrique. Une grande partie de la recherche sur la France-Afrique a été menée par Verschave François-Xavier, qui a inventé le terme. Il a écrit une vingtaine d’ouvrages et d’innombrables articles sur le sujet et il a décrit le système de contrôle secret de ses dirigeants comme étant la criminalité dans les échelons supérieurs de la vie politique française et de l’économie, où une sorte de république souterraine est caché de la vue. Une grande partie de cette capacité à cacher ce qui se passe provient de deux processus interdépendants : l’absence de procédures démocratiques dans le système politique Français pour débattre de la politique africaine et les francs-maçons français habilités (et leurs frères des loges présidentielles africaines) qui agissent pour faire respecter les intérêts étroits des affaires françaises en Afrique en utilisant les institutions de l’Etat français. En retour, les présidents africains paient une dîme aux politiciens français qui finance les partis politiques français et les candidats et d’autres enrichit sur une base personnelle.
Contrairement aux démocraties ordinaires, la version française de la démocratie est un cas particulier. Par tradition en France, les affaires étrangères sont le domaine privé du président français. Le ministre des Affaires étrangères n’applique que sa politique. La France est le seul pays occidental où la politique étrangère n’est pas un sujet débat dans les instances législatives nationales. La souveraineté du peuple français ne compte en rien, même si elle a élu le président directement. Le Parlement n’a pas le pouvoir de contrôle et est tranquillement relégué à la politique intérieure. La politique africaine est l’apanage personnel du Président de la République et son équipe de deux ou trois conseillers et assistants ; habituellement par le ministère de la Défense, la DGSE et le conseiller spécial pour l’Afrique. La politique africaine est la politique du palais présidentiel. Des hommes comme Foccart, Pasqua, de Bonnecorse ont traduit les désirs et caprices du président en une politique africaine. L’Assemblée nationale, les partis politiques et les ministères sont légèrement impliqués et certainement n’ont pas le droit de voter sur les politiques africaines. La politique africaine de la France est une politique française présidentielle; pas plus que sous Mitterrand, Chirac et Sarkozy.
Au-delà des relations présidentielles et maçonniques entre les hommes politiques africains et de l’Etat français, tout l’édifice est soutenu par la dépendance appris de ces Etats africains sur le contrôle continu des Français sur leurs économies, la monnaie, la politique fiscale et des politiques commerciales préférentielles. Après le référendum sur l’indépendance en 1958, alors que la Guinée a voté pour l’indépendance immédiate, les autres colonies françaises d’Afrique ont accepté de devenir indépendantes sous certaines conditions. Elles ont convenu à l’indépendance d’être liées par le Pacte Colonial; l’accord signé entre la France et ses colonies nouvellement libérées d’Afrique qui a verrouillé ces colonies dans l’étreinte économique et militaire de la France. Ce pacte colonial a non seulement créé l’institution du franc CFA, mais il a aussi créé un mécanisme juridique en vertu duquel la France a obtenu une place particulière dans la vie politique et économique de ses colonies.
L’Accord du pacte Colonial consacre une préférence particulière pour la France dans les processus politiques, commerciaux et de la défense dans les pays africains. Sur la défense, il est convenu de deux types de contacts continus. Le premier était l’accord militaire ouvert sur l’aide à la coopération militaire ou les accords à l’aide militaire technique (AMT), qui n’étaient pas juridiquement contraignant, et pourraient être suspendus selon les circonstances. Ils couvraient l’éducation, la formation des militaires et des forces de sécurité en Afrique. Le second type, secret et contraignant, était des accords de défense supervisés et mis en œuvre par le ministère français de la Défense, qui a servi de base juridique pour les interventions françaises. Ces accords permirent à la France d’avoir des troupes pré-déployées en Afrique; en d’autres termes, des unités militaires françaises présentent en permanence et par rotation dans des bases et des installations militaires en Afrique; entièrement géré par les français et uniquement sous contrôle français.
Le pacte colonial a maintenu le contrôle français sur les économies des Etats africains, il a pris possession de leurs réserves de devises étrangères, il contrôlait les matières premières stratégiques du pays, il avait posté des troupes dans le pays avec le droit de libre passage, il a exigé que tous les équipements militaires soient acquis de la France, il a pris en charge la formation de la police et de l’armée; il exigeait que les affaires françaises soient autorisées à maintenir le monopole sur les entreprises dans les domaines clés (eau, électricité, ports, transport, énergie, etc.) La France a non seulement fixé des limites sur les importations de toute une gamme de produits provenant de l’extérieur de la zone franc, mais aussi fixé des quantités minimales des importations en provenance de France. Ces traités sont encore largement en vigueur et opérationnels.
Peut-être l’apogée de la domination française sur ses confrères africains indépendants a été la création et le maintien d’une monnaie commune dans ces territoires, le franc CFA. Il y a en fait deux francs CFA distincts en circulation. Le premier est celui de l’union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) qui regroupe huit pays ouest-africains (Bénin, Burkina Faso, Guinée-Bissau, Côte-d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo). Le second est celui de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) qui comprend six pays d’Afrique centrale (Cameroun, République Centrafricaine, Tchad, Congo-Brazzaville, la Guinée équatoriale et Gabon). Cette division correspond à la précoloniale AOF (Afrique Occidentale Française) et AEF (Afrique équatoriale Française), à l’exception que la Guinée-Bissau était autrefois portugaise et la Guinée équatoriale espagnole.
Chacun de ces deux groupes émet son propre franc CFA. Le franc CFA de l’UEMOA est émis par la BCEAO (Banque Centrale des Etats de L’Afrique de L’Ouest) et le franc CFA CEMAC est émis par la BEAC (Banque des États de L’Afrique Centrale). Ces monnaies étaient toutes les deux à l’origine fixées à 100 F CFA pour chaque franc français mais, après que la France aie rejoint l’Union européenne la zone euro à un taux fixe de 6,65957 francs français pour un euro, le taux de CFA à l’euro a été fixé à FCFA 665.957 à chaque euro, en maintenant le rapport de 100 à 1ratio.
La politique monétaire régissant une telle agrégation de divers pays n’est pas compliquée, car elle est, en fait, opérée par le trésor français, sans se référer aux autorités centrales fiscales des états de l’UEMOA ou de la CEMAC. Selon les termes de l’accord qui a créé ces banques et le CFA, la Banque Centrale de chaque pays africain est obligé de garder au moins 65% de ses réserves de change dans un compte opérationnel tenue au trésor français, ainsi que 20% pour couvrir les passifs financiers.
Les banques centrales des zones CFA imposent un plafond sur les crédits accordés à chaque pays membre de l’équivalent de 20% des recettes publiques de l’année précédente dudit pays. Même si la BEAC et la BCEAO ont une facilité de découvert avec la trésorerie Française, les prélèvements sur les facilités de caisse sont soumis à l’approbation du trésor français. Le dernier mot est celui de la trésorerie française qui a investi les réserves étrangères des pays africains en son propre nom à la Bourse de Paris.
En bref, plus de 85% des réserves de change de ces pays africains sont déposées dans les comptes opérationnels contrôlés par le trésor français. Les deux banques des zones CFA sont africaines de nom, mais n’ont pas de politiques monétaires qui leur soient propres. Les pays eux-mêmes ne savent pas, il ne leur pas été dit non plus, dans quelle mesure la piscine de réserves de change détenues par le trésor français leur appartient en tant que groupe ou individuellement. Les gains de l’investissement de ces fonds dans la piscine du trésor français sont censés être ajouté à la piscine, mais aucune comptabilité n’est donnée soit aux banques, soit aux pays concernés quant aux détails de ces modifications. Le groupe restreint de hauts fonctionnaires du trésor français qui ont connaissance des montants figurants dans les comptes opérationnels, où ces fonds sont investis; s’il y a un bénéfice sur ces investissements; interdit de divulguer une de ces informations aux banques des zones CFA ou aux banques centrales des Etats africains.
Cela devient impossible pour ces pays africains de réguler leur propre politique monétaire. Les pays les plus inefficaces et dépensiers sont capables d’utiliser les réserves en devises des pays les plus prudents sans aucune intervention significative des pays les plus riches et plus prospères. La convertibilité du franc CFA en franc français par des intermédiaires agréés est soutenue par une disponibilité des découverts sur ces comptes à la banque centrale. En bref, au moins 80% des réserves financières de ces pays africains sont détenus dans le trésor français sous son control. Cela a été une agrégation des réserves de change depuis 1961, cela fait plus de cinquante années d’accumulation sans recours par ces Etats africains à leurs capitaux.
Les Etats africains sont maintenant en train de demander la possibilité de récupérer leurs dizaines de milliards de dollars du trésor français. Ces fonds ont été investis à la Bourse française, au nom du trésor public, non pas au nom des Etats africains. Ce trésor français est dans un état lamentable. Le pays est dans de profondes difficultés financières. La dette publique par rapport au PIB du gouvernement français est d’environ 86%, ce qui est supérieur à celui de l’Espagne et la Grande-Bretagne, même si elle n’est pas encore au niveau italien ou grec. Ceci est la dette officielle. La France a également un passif de plusieurs centaines de milliards d’euros via l’UE, qui ne sont pas pris en compte dans les statistiques officielles. Ajouté à ceux-ci, et vous arrivez à un niveau d’endettement de plus 145% du PIB. Ajouté au coût actuel des engagements futurs, et vous serez ainsi à plus de 200% de la barre. Ajouté dans le coût du sauvetage des banques françaises qui craquent, et en cas de fusion du reste de l’Europe, et vous allez recevoir les chiffres que le pays ne peut payer. Si les Français ne peuvent pas payer leurs propres dettes, ils ne sont certainement pas prêts à libérer aux Africains leurs réserves déjà hypothéquées.
La réalité financière n’a jamais été le fort de la France. Dans son attaque précipitée sur la Libye, elle a utilisé son budget militaire annuel au cours des sept premières semaines de la campagne. Elle a creusé dans les réserves africaines qu’elle détenait pour payer l’attaque sans précédent contre Gbagbo en Côte d’Ivoire, qui a tué des milliers de civils innocents à Abidjan et provoqué l’assassinat d’autres personnes à travers le pays. Pendant l’acharnement français et de l’ONU sur la Côte d’Ivoire, les citoyens ont déploré le fait que les Français ont utilisé l’argent des Africains pour acheter les balles qui les ont tués. Maintenant, les Français sont dans le conflit militaire au Mali et seront bientôt engagés en République centrafricaine.
Dans un effort de maintenir l’intérêt des entreprises françaises, les activités unilatérales des français ont été un désastre absolu. La politique française a créé le problème que le reste du monde essayait d’éviter. Son attaque contre Kadhafi en Libye (que le reste de l’OTAN a fini par payer), a contribué à la création d’un état islamiste radical, dont les confrères d’Al-Qaïda ont pris l’équipement et la formation libyennes pour se répandre vers le reste de l’Afrique occidentale; notamment au Mali. Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) est étroitement liée au Groupe islamique combattant libyen (GICL) dont la France est intervenue au nom de l’OTAN au cours de 2011 par procuration à l’invasion de la Libye – la fourniture d’armes, de la formation, des forces spéciales et même des avions pour les soutenir dans le renversement du gouvernement de la Libye.
De nombreux pays qui sont sur la route principale des conflits, notamment l’Algérie, ont été très préoccupés par le fait que les troubles et le désordre en Libye a conduit à l’élaboration d’un havre sûr et important sanctuaire pour Al-Qaïda et d’autres extrémistes djihadistes; un refuge sûr pour former et à rééquiper l’activité djihadiste en Egypte, et particulièrement en Syrie.
Le problème, c’est que la France ne peut pas soutenir une activité militaire sur une longue période. Son budget militaire a été étiré jusqu’au point de rupture par les coûts de l’abandon de l’Afghanistan. Elle s’appuie sur l’ONU pour payer l’intervention continue. Hollande, qui s’est mis à dos les riches français et la communauté d’hommes d’affaires locaux, a peu de chance d’amasser des fonds pour l’effort de guerre en Afrique. Il est enfermé dans la bataille avec la Cellule Afrique Sarkozy-UMP dans le bureau présidentiel qui fonctionne sans le consulter. La DGSE le consulte à peine et l’ignore dans les questions africaines. Les francs-maçons français, qui ont été longtemps une source de soutien pour leur Africains, sont la cible de Hollande dans sa tentative d’augmenter les impôts et augmenter les responsabilités financières au sein de la communauté des affaires multinationale française. La coalition fondamentale France-Afrique a volé en éclats.
L’ironie finale dans la planification, c’est que les Français s’attendent à ce que les pays de la CEDEAO (Communauté ouest-africaine) envoient des milliers de soldats pour prendre la bataille à la place des Français qui veulent sortir rapidement. Ils s’engageront à le faire, mais qui payera pour eux? Les Etats africains n’ont pas d’argent pour payer une telle entreprise, en partie parce que le trésor français a fait disparaître leurs réserves. L’ONU n’a pas de fonds et demande à l’UE et à l’OTAN les fonds ; c’est une demande sans espoir. Les Etats-Unis ont des avions, des drones, des moyens de transport disponibles et en cours d’utilisation, mais a fait savoir à tous ceux qui demandent qu’il n’est pas prêt à envoyer des troupes ou à payer pour les autres. Les États-Unis s’inquiètent des coupes profondes sur la défense et de sa propre possible séquestration. Ce n’est probablement pas pour utiliser les fonds restants en vue d’aider une campagne au Mali (ou en RCA).
Ainsi, le résultat probable est une dégénérescence du conflit qui va enraciner AQMI dans la région et renforcer les mains des djihadistes en plus de menacer l’Algérie. Cela semble être le dernier souffle de la France-Afrique en Afrique. Les Français auront de plus en plus du mal à maintenir leurs activités traditionnelles en Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, RCA et la Mauritanie. Contrairement à presque tous les autres pays concernés, il ya des milliers de ressortissants français dans ces pays en ce moment ï ¿½ qui sont tous des cibles et otages possibles. Ce n’est pas le moment propice d’être un français en Afrique.
Source : Ocnus.net2013