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Alain Lobognon, ex-ministre de la promotion de la jeunesse, des sports et des loisirs

Victime du remaniement du 13 mai, le ministre des sports, Alain Lobognon, a fait les frais de la guerre larvée que se livrent Hamed Bakayoko et Guillaume Soro dans l’optique de la présidentielle de 2020.

La décision d’Alassane Ouattara de remercier Alain Lobognon, ministre de la promotion de la jeunesse, des sports et des loisirs, par ailleurs fidèle soutien du président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, résulte d’un rapport rédigé début mai par Hamed Bakayoko, confirmant le détournement de 850 millions F CFA de primes que devaient percevoir les joueurs de l’équipe nationale de football pour leur performance lors de la dernière CAN, en Guinée équatoriale.

Enveloppe hors budget. Ce rapport reprend également les accusations portées par le Trésor ivoirien contre le ministre, lequel aurait “puisé”, de son côté, quelque 180 millions F CFA en dehors du budget mis à la disposition de la Fédération ivoirienne de football (FIF). Une enveloppe qui aurait notamment permis de financer le séjour d’officiels ivoiriens, parlementaires et autres hommes politiques, à Malabo. Alain Lobognon, qui affirme avoir obtenu l’aval du premier ministre Daniel Kablan Duncan pour cette opération, devait initialement être démis de son poste le 6 mai. Mais Guillaume Soro est directement intervenu auprès du chef de l’Etat pour défendre “son” ministre. Alassane Ouattara a finalement tranché de retour d’un voyage à Genève, après que l’ex-chef rebelle eut dénoncé une “volonté d’isolement des ex-Forces nouvelles”.

Marge de manœuvre nulle. Alain Lobognon, qui a porté plainte via son avocat Lassiney Kathann Camara pour clarifier les raisons de son éviction, n’a jamais eu les coudées franches à la tête de son ministère depuis sa nomination en 2012. Ainsi, il n’a pas pu promouvoir ses collaborateurs, Hamed Bakayoko gardant le contrôle des nominations au sein du ministère. Alain Lobognon a par ailleurs dérangé en relevant, à plusieurs reprises, des dérapages budgétaires au sein de la FIF dirigée par Sidy Diallo. Ce dernier est membre de la Grande Loge de Côte d’Ivoire (GLCI), dont Hamed Bakayoko est récemment devenu le grand maître. Alors que le ministre de l’intérieur manœuvrait pour faire nommer son propre directeur de cabinet, Daniel Cheick Bamba, comme successeur d’Alain Lobognon, c’est finalement Albert François Amichia, filleul de l’ex-président Henri Konan Bédié, qui a été désigné pour ce portefeuille.

Source : Lettre du Continent, No.706 du 20 mai 2015