Sans surprise, les extrémistes du Front populaire ivoirien (FPI) ont « élu » à la tête de leur parti Laurent Gbagbo qui est en attente de jugement à la Cour pénale internationale (CPI), et ont, dans le même élan, « exclu » de leurs rangs, ceux d’entre eux qui pensent qu’il existe une vie après Gbagbo, et que le FPI doit poursuivre sa route sans ce dernier. Cette décision ne saurait surprendre, tant il est vrai que pour cette frange, le parti aux deux doigts créé par Laurent Gbagbo appartient corps et âme à ce dernier, et ne disparaîtra qu’avec lui. Ils l’ont clamé depuis le début, pour eux, c’est « Gbagbo, sinon rien. » D’abord, parce que leur esprit est resté bloqué sur ce que Paul Yao-Ndré a déclaré après la présidentielle de 2010, à savoir que le vainqueur était Laurent Gbagbo, et aussi parce qu’ils pensent naïvement qu’en mettant « leur président » à la tête de leur parti, ils lui accordent une chance de recouvrer rapidement la liberté. Ils font l’analogie avec Nelson Mandela qui, condamné à la prison à vie, dirigeait l’African National Congress (ANC) depuis la prison et a fini par être libéré pour diriger son pays par la suite. Gbagbo président du FPI, c’est pour eux un prisonnier politique qui se trouve dans les geôles néerlandaises, dont il faudra tenir compte lors d’une future négociation sur le sort de la Côte d’Ivoire. Quelle négociation ? C’est là qu’il faudra surveiller le FPI, ou du moins sa frange extrémiste qui a déjà annoncé qu’elle ne participera pas aux futures élections. Cela entre dans leur logique, car participer aux futurs scrutins, surtout la présidentielle, c’est reconnaître le pouvoir de M. Ouattara. S’ils ont boycotté toutes les élections qui ont eu lieu sous le premier mandat de M. Ouattara, dans l’espoir de le faire passer pour un président illégitime parce que n’ayant pas d’opposition à l’Assemblée, ils se dédiraient en donnant du crédit à sa réélection par leur participation. Leur rêve, c’est de faire en sorte que la prochaine présidentielle se déroule dans les pires conditions afin de la décrédibiliser. Et, puisqu’ils espèrent pouvoir peser dans une future négociation, tout en boycottant les scrutins, c’est en étant les auteurs des pires conditions des prochaines élections et de la gouvernance qui suivra qu’ils y parviendront. C’est pour cela que nous parlons de surveiller la frange extrémiste du FPI. On peut leur faire confiance pour semer la chienlit dans le pays. Ils ont déjà fait leurs preuves sous Houphouët-Boigny, lorsque M. Ouattara était le Premier ministre, et sous M. Bédié. Il y a quelques semaines, nous nous étonnions dans ces colonnes du soudain réveil de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), le bras armé du FPI, aussi bien lorsqu’il était dans l’opposition que lorsqu’il était au pouvoir. Faut-il s’étonner aussi de la résurgence des grèves, qui ont commencé dans le milieu de l’éducation, un milieu où le FPI exerce au mieux sa capacité de nuisance ? Les Ivoiriens qui aspirent à la paix et ne veulent plus revivre ce qui s’est passé dans notre pays entre novembre 2010 et avril 2011 doivent être très vigilants. Nos autorités doivent de leur côté veiller à ne pas donner de verges à leurs adversaires pour se faire fouetter. L’université étant le milieu que le FPI contrôle le mieux, c’est là-bas que l’on doit le plus veiller au grain. Si les laboratoires ne sont pas correctement équipés comme cela se raconte, y compris dans des reportages sur des chaînes étrangères, qu’ils le soient donc ! Il nous est revenu que des containers de matériels de laboratoire seraient en souffrance depuis des années chez un transitaire. Est-ce vrai ? Et si c’est le cas, qu’attend-on donc pour les récupérer ? Notre pays a retrouvé sa crédibilité perdue après dix ans de pouvoir de nos « frontistes », et il est en pleine croissance. Nous devons coûte que coûte maintenir cette croissance sur quelques années encore afin qu’elle profite pleinement à l’ensemble de la population. Et nous devons avoir en esprit que seul un système éducatif performant nous permettra d’atteindre l’émergence dans le délai que nous nous sommes fixés. Et nous ne devons surtout pas oublier que les ennemis jurés de M. Ouattara n’ont qu’un rêve, qui est de maintenir notre pays dans la pauvreté et l’obscurantisme.
Post-scriptum pour les « frondeurs » du PDCI qui guettent les voix des « frondeurs » du FPI : ce n’est pas très évident que ces derniers participent à l’élection présidentielle. Je crois qu’ils sont assez lucides pour savoir que même s’ils vous donnent leurs voix, vous n’avez aucune chance de battre M. Ouattara. Or, comme je l’ai écrit, ils ne veulent surtout pas donner du crédit à sa réélection en y participant. Je pense donc qu’il serait plus prudent pour vous d’aller chercher vos voix ailleurs.
Venance Konan
Source: Facebook