Côte d’Ivoire-Cour pénale internationale ( Cpi). La « guerre » a atteint, aujourd’hui, un stade de dégénérescence. Et pour cause ! Passe d’armes à fleurets mouchetés entre le chef de l’Etat, Alassane Ouattara et l’institution judiciaire internationale. Les dernières 72 heures ont été notamment marquees par des prises de positions opposées entre Fadi El Abdallah, porte-parole de la Cour pénale internationale (Cpi) et le n° 1 ivoirien, sur la question du transfert ou non de certains nationaux ivoiriens, dont l’ex-Première dame Simone Ehivet Gbagbo, réclamés par la juridiction internationale basée à La Haye. La Procureure de la Cpi, Fatou Bensouda, accuse Simone Gbagbo de crimes contre l’humanité pour son implication supposée dans les violences post-électorales de 2010-2011 en Côte d’Ivoire. Cependant, le pays refuse de la transférer à La Haye. Simone Gbagbo a d’ailleurs été condamnée récemment par la Cour d’Assises d’Abidjan à 20 ans d’emprisonnement. Mais, la Cpi continue de penser que l’ancienne Première dame est impliquée « dans les attaques sur la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti), contre une marche de femmes, dans celle d’un marché à Abobo et dans un massacre à Yopougon », événements pour lesquels elle n’a pas été jugée. D’où l’insistance mordante de l’institution judiciaire internationale pour son extradition devant les juges de la Cpi. « La Cpi est une institution purement judiciaire et poursuit ses activités conformément au statut de Rome auquel la Côte d’Ivoire est partie. En tant qu’Etat partie au Statut de Rome, la Côte d’Ivoire a l’obligation de coopérer avec la Cpi et de respecter le cadre légal de ses activités, c’est-à-dire le Statut de Rome, y compris en ce qui concerne les démarches de remise de suspects à la Cour », s’est fendu, avant-hier lundi 13 avril 2015, Fadi El Abdallah, dans nos colonnes. Réponse du berger à la bergère, pourrait-on dire. Car, le samedi 11 avril, face à des victimes de la crise post-électorale dans la commune d’Abobo, le chef de la magistrature suprême de la Côte d’Ivoire, certainement emporté par une colère rouge, tranchait, par des propos sans équivoque, qui mettent d’ailleurs en lumière, son état d’esprit, voire son agacement, sur cette question de transfert des citoyens ivoiriens vers la Cpi. « Je veux m’adresser aux grands pays donneurs de leçons. Nous avons vu ce qu’ils ont fait. Et l’esclavage, qu’est ce que c’était ? Nous allons continuer de juger les auteurs de ces crimes et ils doivent être jugés ici en Côte d’Ivoire. Personne n’ira à la Cpi. Nous les jugerons tous ici. Nous voulons montrer que nous sommes un pays moderne, un pays de droit et de justice », a « clashé » le chef de l’Etat contre la Cpi. Les rapports entres les autorités de Côte d’Ivoire et la Cpi ont atteint un stade de détérioration et l’on est à se demander, aujourd’hui, qui emportera le bras de fer ?
Armand B. DEPEYLA
Source : Soir-Info, mercredi 15 avril 2015