Si j’étais écrivain, je consignerais l’histoire du vieux Sangaré et des frondeurs dans un roman qui aurait pu, par l’humour, l’ironie et le burlesque qui caractérisent les situations que les différents personnages enchaînent, avoir un titre proche de celui du roman de l’écrivain camerounais Ferdinand Oyono, « Le Vieux Nègre et La Médaille ».
Il reste vrai que Sangaré croit au père Nobel et rêve d’avoir le Prix Nobel de la fidélité au président Laurent Gbagbo. Mais cela n’est qu’un beau rêve et d’ailleurs Sangaré n’est pas courageux, optimiste et patient comme le vieux Méka, personnage central du roman « Le vieux nègre et la médaille » qui, tout au long de cette œuvre a vainement couru derrière une distinction devenue peu de temps après la source de tous ses malheurs.
Si l’histoire du vieux Sangaré et des frondeurs était une fiction, je l’étalerais donc dans un roman qui ressemblerait au roman « Le Vieil Homme et la Mer », écrit par l’écrivain américain Prix Nobel de Littérature Ernest Hemingway.Comme le vieux pêcheur cubain appelé Santiago qui lutte avec un poisson gigantesque, les vents et la mer, Sangaré lutte contre un Leader politique d’envergure, le Lion du Moronou et des situations qui dépassent sa vieille personne.
Certains au FPI ont cependant pris l’habitude de l’appeler Le Gardien du Temple. Sangaré n’a pourtant jamais gardé quoi que ce soit. Bien au contraire, il est le pyromane qui a brûlé le temple, jeté et dispersé les fidèles dans la rue. Au soir de sa vie, il est clair que Sangaré ne voulait pas que le Temple lui survive, que le jeune Lion du Moronou s’asseye sur le trône laissé par Laurent Gbagbo. Poussé alors par la jalousie, la méchanceté et la mesquinerie, Sangaré a commencé à organiser et à parrainer des complots pour évincer Affi et récupérer le FPI.
Mais voulant conduire le parti vers le passé, nous éloigner du futur, couper le FPI et la Côte D’Ivoire de l’avenir, Sangaré s’est totalement égaré et se trouve aujourd’hui pris dans une vraie merde, y entraînant avec lui tous ses suiveurs. Le voici donc obligé de jouer au leader alors qu’il n’en a jamais eu l’étoffe. Le voici obligé de reculer devant la loi alors que comme professeur de Droit à l’université, il se targue de maîtriser toutes les subtilités de la loi. Le voici obligé de retourner dans la clandestinité alors que depuis le Congrès de Dabou et même quand le FPI était au pouvoir, il menait une vie de clandestin dans la République. Un ministre des Affaires étrangères qui n’est jamais monté au créneau pour nous défendre pendant que tout le monde nous diabolisait. Le voici obligé maintenant de vivre avec la peur au ventre de retourner en prison, d’user de diverses astuces pour éviter une nouvelle arrestation. Le voici obligé de se cacher pour envoyer les enfants des gens se faire réprimer sauvagement au Plateau et se faire jeter en brousse comme des sacs de poubelles. Le voici obligé de faire semblant d’ignorer que l’insurrection que lui et les frondeurs s’entêtent à vouloir allumer pour chasser Dramane du pouvoir, n’a actuellement aucune chance de bousculer le régime barbare d’Abidjan.
Le voici enfin obligé d’assister impuissant aux initiatives qu’engage le président Affi pour la libération du président Laurent Gbagbo, alors que lui Sangaré et les frondeurs souhaitaient qu’il y reste le plus longtemps possible ou même définitivement afin de leur permettre d’utiliser son nom et son image pour mentir et égarer les Ivoiriens. J’ai vu toutes ces tribulations interminables du vieux Sangaré et si l’envie me venait d’écrire un roman, je ne lui donnerais pas le beau titre de « Le vieil homme et la mer » mais je l’intitulerais sans aucune hésitation: « LE VIEIL HOMME ET LA MERDE ». Car Sangaré et les frondeurs sont dans la merde jusqu’au cou et tout semble indiquer que la fin de leurs problèmes n’est pas pour demain. Si bien sûr la sagesse ne les visite pas.
Océane Yacé, Politologue, Monte-Carlo, Monaco