Affi n;guessan

Pour commencer, il faut reconnaître que le triomphe de Ouattara n’est pas le triomphe de Pascal Affi N’guessan, que les FRCI ont convoyé à la prison civile de Bouna, pendant que Ouattara jubilait au Golf hôtel.

Donc prétendre avouer que Pascal Affi N’guessan est le pion du RDR à la faveur du recadrage du droit au FPI par la justice ivoirienne, est une grosse erreur, une cécité intellectuelle et une méconnaissance du statut des organisations et groupements politiques, qui est régi par des lois.

La justice ivoirienne est notre institution à nous tous, elle fut dans le cas du litige qui oppose les militants du Front Populaire Ivoirien, un mal nécessaire qu’on peut interpréter de plusieurs manières, afin de mieux percevoir l’opportunité de sa saisie, dans une affaire interne à un parti politique, comme le disent maladroitement ceux qui qualifient l’acte de folie.

De prime abord, même si le FPI est une association privée, cela ne veut pas dire qu’il est une organisation ex-nihilo, il vit cependant dans un environnement qui est l’état de Côte d’Ivoire, devant qui il répond de son existence, d’où sa déclaration en tant que parti politique auprès des services du ministère de l’intérieur qui détient ses symboles, avant de lui octroyer un récépissé pour faire valoir ses droits et devoirs civiques là ou besoin est.

Cependant, il n’existe pas un parti politique qui échappe au contrôle des lois ivoiriennes, même si des textes existent en leur sein, lesquels textes se limitent à régenter les inter actions sociales et humaines des militants, qui ne peuvent outre mesure se prévaloir d’être au dessus des lois ivoiriennes.

Si le FPI, comme toute organisation est astreinte et assujettit aux lois ivoiriennes, elle ne peut cependant se permettre de se livrer au pugilat comme bon lui semble, dans un état dont il n’a plus le contrôle, pour l’avoir perdu aux présidentielles de 2010. Et même s’il était encore au pouvoir, il ne pourrait tolérer des troubles à l’ordre public qui discréditerait sa gestion.

Logiquement, c’est à l’opposition de le faire, mais dans le strict respect des normes pour critiquer l’action du gouvernement et non dans la cacophonie d’une dissidence interne, qui oppose une défiance à toute autorité.

C’est pour cela, face à toutes ces agitations, l’état peut s’auto saisir sans une demande express d’une des parties, qui a d’ailleurs bien fait en saisissant la justice, pour éviter la honte au FPI, qui a quand même connu ce privilège de diriger le pouvoir d’Etat et qui ne méritait pas cette scène horrible, qui pourrait lui risquer la déchéance et le déclin politique.

Une crise interne qui s’étale sur la place publique, grâce au rôle impénitent d’une certaine presse bleue, finie par inquiéter le pouvoir en place, surtout que celui-ci lutte déjà au quotidien, pour redorer son blason en s’offrant des indices de sécurité et d’apaisement social, afin de garantir et préserver la confiance des investisseurs et bailleurs de fonds, qui ne peuvent tolérer longtemps un environnement inutilement bouillant et fougueux.

Si le FPI pense qu’en perdant le pouvoir, il faut faire comme la jeune fille qui a perdu son copain, parce que étudiant sans sou, qu’elle retrouve plus tard nanti, il se trompe, car perdre un amour, ce n’est pas perdre le pouvoir qu’on peut reconquérir à tout moment, avec la volonté optimale et conciliante de rebondir en prenant en compte les nouvelles réalités.

En outre, les partisans de Ouattara, pensent qu’il s’agit d’une simulation entre refondateurs pour l’endormir, tandis que les dissidents du FPI pensent plutôt que ce prétendu jeu de rôle profite à Ouattara et Pascal Affi N’guessan qui entretiennent un deal.

Nous avons vu des simulations pour de vrai, mais pour le cas de Pascal Affi N’guessan ça aurait pu être logique, si Ouattara ne l’humiliait pas à ce point, sachant qu’il pouvait l’utiliser dès le début de la crise pour lâcher le président Laurent Gbagbo. On n’en serait plus au stade des accusations farfelues.

Il suffisait à Pascal Affi N’guessan de quitter le FPI à cette époque comme l’a fait Mamadou Koulibaly, pour que toutes les cartes de survie politico-judiciaire du président Laurent Gbagbo se grillent à jamais, car la simple allégeance de Pascal Affi N’guessan, président du parti de Laurent Gbagbo à Ouattara le 11 avril, aurait suffi pour que la communauté internationale se fasse une opinion très claire de la conclusion à tirer de l’attitude d’un sachant, pour refermer définitivement le lourd contentieux électoral de 2010 en faveur de leur poulain.

Le pari que relève Pascal Affi N’guessan est énorme, et mérite mieux que toutes ces diffamations gratuites qui apparaissent, à chaque fois qu’il prend une longueur d’avance sur les déviationnistes, qui croient faire de la politique en ce XXIe siècle, en s’accrochant à des pratiques abruptes, dignes de maquisards en pleine agglomération.

A supposé que la justice aie prononcé le verdict en faveur des dissidents, qu’auraient été la posture actuelle de Sangare Aboudrahamne et ses partisans face à cette justice des vainqueurs?

Avant la justice des vainqueurs, on se plaignait déjà de notre justice surtout quand nous perdons un procès.

On va même jusqu’à dire que le juge est un combinard en lançant inconsciemment à la face de notre justice qu’elle est corrompue, il en est de même pour l’arbitre dont les décisions n’ont pas permis de faire gagner une équipe qu’on supporte.

Cependant, au lieu d’accuser la justice Ivoirienne d’être la propriété de Ouattara selon les dissidents, il faut plutôt mettre en évidence le rapport de la qualité de nos juges, de nos avocats qui organisent notre défense et surtout prendre en compte l’objet du litige qui nous conduit devant la justice et dont nous devinons à priori le verdict, grâce à notre capacité naturelle de discerner le bien du mal, à laquelle la procédure de juger ne s’en dérobe pas, sauf la volonté de biaiser qui reste un élément subjectif à l’appréciation de la conscience du juge de dire la vérité rien que la vérité devant les hommes et devant Dieu seul qui détient la clé de la vérité.

Sur ce, Pascal Affi N’guessan a bien fait de saisir la justice ivoirienne, sans saisir Ouattara lui-même, car en tant que président du FPI, sa responsabilité dépasse celle d’un dissident, fut-il éveillé plus que jamais, à remettre de l’ordre dans un désordre qu’il n’aurait pas créé lui-même.

Pour rappel, lorsque les 83 pro-Gbagbo se sont retrouvés dans le box des accusés, aucun d’entre eux n’a prononcé les mots “justice des vainqueurs”, alors que c’était l’occasion de le faire savoir aux juges, pour montrer le niveau de corruption et de conspiration avec Ouattara à propos de cette institution divine sur terre.

Ils savaient tout cela, et ils ont accepté de se faire juger, parfois même se faisant ridiculiser en plein procès.

Arrêtons de jouer les djangos et allons à l’essentiel.

M’Manfo pian!

Ade Cacady

Source: Facebook