•Ce qu’il dit de l’asile de Gbagbo en cas de libération

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L’ex-ambassadeur de l’Afrique du Sud en Côte d’ivoire,
Visu Laurence Sindane (Ph: CdM)

 (L’Inter, 26 février 2014) – Presque trois ans après l’arrestation de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, l’ex-ambassadeur de l’Afrique du sud en Côte d’ivoire, Visu Laurence Sindane, revient sur l’épique bataille d’Abidjan, dans une interview accordée au site d’information du Groupe Olympe, www.infodrome.com. le diplomate sud-africain y évoque notamment certains aspects de la crise post-électorale de 2010-2011, le prétendu soutien de son pays au régime de Laurent Gbagbo et surtout la probabilité que l’Afrique du Sud l’accueille au cas où il obtiendrait une liberté provisoire. Sur ce dernier point, l’ambassadeur sud-africain a expliqué que cette information n’était qu’au stade de la rumeur. «C’est une rumeur dont j’ai entendu parler moi-même. Elle reste au stade de la rumeur, parce que mon gouvernement n’a jamais communiqué sa position sur cette rumeur», a déclaré Visu Laurence Sindane. Non sans faire cette précision : «Mais, ce qui est bien à savoir, c’est que l’Afrique du Sud a une tradition d’hospitalité en ce qui concerne des anciens dirigeants de très haut niveau qui ont eu des difficultés avec la justice de leur pays ou d’ailleurs. Nous avons en mémoire le cas du Rwanda. Nous avons accueilli en exil des dirigeants de ce pays. Il y a aussi le cas du président de Haïti qui est venu en paix passé son temps d’exil. C’est une tradition que nous avons. Je ne pense pas que si le cas de l’ex-président Laurent Gbagbo se pose à notre gouvernement, il ne va en faire une difficulté. Non ! Nous l’avons toujours fait. Je ne crois pas que ce soit un problème majeur. Mais, comme je l’ai dit, c’est une rumeur et il n’y a rien de tangible là-dessus ». L’ambassadeur Visu Laurence Sindane s’est par ailleurs prononcé sur la bataille d’Abidjan qui a eu lieu entre le 31 mars et le 11 avril 2011, date de l’arrestation de Laurent Gbagbo.

LES DERNIERS INSTANTS DU REGIME GBAGBO

Il est notamment revenu sur l’assaut final lancé par les Forces républicaines de Côte d’ivoire (FRCI), appuyées par l’armée française et les casques bleus contre la résidence présidentielle de Cocody. «En ce qui concerne l’assaut final pendant lequel le président Gbagbo a été arrêté ou enlevé, je veux préciser que ce n’est pas à la résidence ou à l’ambassade d’Afrique du Sud qu’il s’était réfugié. Il était à la résidence de la présidence de la République avec ses collaborateurs, et c’est là-bas que les faits se sont passés. Nous n’avons rien à voir avec cet événement. Il faut que cela soit clair», a-t-il déclaré. Avant de confirmer que des officiers ivoiriens avaient sollicité l’asile politique auprès de l’Afrique du sud : «À un moment, certains de ses officiers nous ont approchés peut-être pour avoir l’asile. Mais, ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est que l’ancien président était à sa résidence officielle avec certains de ses collaborateurs, et c’est là-bas qu’il a été arrêté. Nous n’avons pas participé à cette opération». A l’entendre, l’Afrique du sud n’avait pas pris partie pour l’un des camps opposés pendant la crise post-électorale. La preuve, a indiqué le diplomate sud-africain, la médiation menée par le président Jacob Zuma sur les bords de la lagune ébrié au plus fort de la crise. Pour lui, son pays n’a pas abandonné Laurent Gbagbo parce qu’il ne soutenait pas formellement et officiellement le régime en place à cette époque. Pour lui, la question de l’abandon ou non du régime Gbagbo par l’Afrique du sud n’est qu’une «perception». «Le peuple ivoirien avait sans doute l’impression que l’Afrique du Sud soutenait une partie pendant cette crise. Nous le prenons comme tel. C’était une perception parce que nous n’avons aucun élément tangible, aucune preuve pour dire de façon matérielle qu’il était établi que l’Afrique du Sud avait un soutien pour l’une des parties engagées dans la crise dont nous parlons », a déclaré Visu Laurence Sindane, avant d’ajouter que son pays n’entretient pas de relation particulière avec des individus mais avec un gouvernement. «Nous n’avions pas, en tant que République, une relation particulière avec un dirigeant ici, mais avec un gouvernement et un pays», a martelé l’ambassadeur sud-africain. Notons que plusieurs autres sujets ont été abordés dans cet entretien, entre autres, le décès de Nelson Mandela et la divulgation de son testament, ainsi que la position de l’union africaine (UA) sur les procédures à la CPI concernant les dirigeants africains.

Hervé KPODION